18 octobre 2006

Zhong v/s Yixing


Autant pour la préparation d'un thé vert ou blanc, l'utilisation d'un Zhong (appelé également Gaiwan) parait désormais de plus en plus évident aux yeux de la plupart des amateurs, il n'en est pas forcément la même chose lorsqu'il s'agit de déguster un Pu Er ou un Wulong.

Ce joli petit objet en porcelaine permet de maîtriser sans grande difficulté l'infusion d'un thé vert. Son utilisation est on ne peut plus simple. Deux grammes de feuilles (pour 10 cl) sont jetées dans le bol, les feuilles sont rapidement rincées une première fois puis cette eau est jetée de suite. Les feuilles sont ainsi prêtes pour la première infusion. J'attire votre attention sur le fait que l'eau ne doit jamais excéder 70° sous peine de brûler les feuilles fragiles de thé vert. Puis sera répétée cette même opération en laissant infuser à chaque fois deux minutes à peu près. Avec un peu de pratique, il est assez facile de boire directement à même le bol en retenant les feuilles avec le couvercle ou plus simplement en versant le contenu dans une théière de réserve (type pot de lait). De nombreuses infusions sont possibles avec les mêmes feuilles, à condition que le thé soit de qualité.

Le Zhong a ceci de particulier : la parfaite neutralité de ses parois en porcelaine. Cet instrument est idéal pour mettre en avant la fraîcheur subtile des thés verts. Ces thés préparés dans une Yixing ne seront jamais très expressifs. La terre assombrira trop cette fraîcheur en les rendant trop ternes.

Mais pourquoi alors utiliser un Zhong avec un Pu Er ou un Wulong plus habitués aux théières dites "à mémoire" ? Et bien justement, pour profiter de cette neutralité. En effet lors de dégustations tests ou lors de concours, il est préférable de se prémunir d'un Zhong car celui-ci n'influera pas sur le rendu. Une théière parfaitement culottée depuis très longtemps apportent à chaque nouvelle infusion une âme au thé. Les parois poreuses restituent à chaque fois un peu de présence liée aux précédentes infusions. Le Zhong se limitera à restituer l'essence même du thé tel qu'il est; ni plus, ni moins.

Je trouve personnellement le Zhong un peu trop froid dans son approche avec les Wulongs et les Pu Er. Les infusions sont très belles, authentiques mais les dégustations me semblent à chaque fois trop chirurgicales, trop analytiques, trop scientifiques ! Bref un manque de chaleur et surtout d'âme. La dimension poétique d'une Yixing, surtout si elle est ancienne, me convient bien mieux. Pour moi, la sensualité de la terre cuite ne souffre d'aucune comparaison possible.

Un dernier point : il est d'usage de dire que lorsqu'un Pu Er parait fade, il vaut mieux le préparer dans un Zhong. Je m'insurge un peu contre cette idée reçue, car un excellent thé se suffit à lui-même et si c'est le cas, il sera forcément sublime dans une Yixing ! MAIS en même temps, il vaut mieux un Zhong qu'une mauvaise théière !!