5 octobre 2006

Comment conserver ses galettes chez soi ?


Evidemment l'idéal serait d'avoir un endroit spécialement conçu pour conserver ses galettes et briques de Pu Er avec une température et surtout une hygrométrie parfaites pour faciliter le processus de vieillissement comme en Chine.

Malheureusement sous nos climats et en particulier dans nos appartements, l'air est souvent trop sec; il est donc assez improbable qu'une galette puisse évoluer aussi favorablement qu'en Asie.

Personnellement je ne suis pas partisan d'acheter des galettes encore très jeunes à laisser vieillir en "cave" et à déguster seulement dans 10 ans, tout en espérant retrouver d'ici-là un cru exceptionnel; je n'y crois pas un seul instant. Aucun des facteurs favorables à la fermentation réussie du Pu Er n'est réuni chez nous. Il est par conséquent plus prudent d'acheter un Pu Er arrivé déjà à maturité, quitte à le payer un peu plus cher. Le plaisir sera au rendez-vous et c'est là l'essentiel !

De plus, je pense qu'il est également souhaitable de se procurer une galette vieillie sous nos latitudes (il existe des spécialistes reconnus...) plutôt qu'une vieillie en Chine. Je pense qu'un Pu Er a besoin de plusieurs années de stabilisation pour pouvoir s'adapter à nos climats (et donc à nos palais ! ). J'espère ne pas m'attirer les foudres de certains en disant ça !!!

Avec l'expérience il m'est apparu une chose assez curieuse. En se basant sur de grands crus comme la 1985 (11) par exemple et en procédant à des échanges avec deux spécialistes habitant l'un à Taïwan et l'autre en Chine (ils se reconnaîtront peut-être), une hypothèse a petit à petit semé le doute dans mon esprit. En effet, chacun de son côté a envoyé son Pu Er préféré à l'autre histoire de découvrir les crus exceptionnels de part et d'autre. Curieusement la déception était chaque fois au rendez-vous des deux côtés. Les échantillons que j'ai reçus m'ont paru sans vie, plats, ternes et peu expressifs. De même que mes échantillons, dont la 1985 (11) qui est tout de même exceptionnelle, leur semblaient à leur tour sans grand intérêt et surtout sans goût... Je rappelle que cette galette de 1985 a été conservée et vieillie en France dans de bonnes condition à la M3T.

Curieux, n'est ce pas ? C'est là que je me permets d'avancer une espèce de théorie. Un Pu Er exceptionnel arrivé à maturité et vieilli dans un pays précis le sera-t-il encore une fois dégusté dans un autre avec un climat radicalement différent ? Un ami m'a relaté une histoire similaire. Il a reçu de Chine un échantillon d'une galette réputée valant normalement une fortune. En le testant immédiatement après l'ouverture du paquet, ce dernier lui semblait assez joli mais au fil des jours, ce même Pu Er ne ressemblait plus à rien comme si une espèce d'oxydation altérait le goût de ces grands thés (en fait comme un grand vin une fois débouché). C'est exactement la même impression que j'ai eu. Consommé immédiatement après réception du paquet venant d'Asie, les galettes me semblent toujours excellentes mais la seconde fois, c'est jamais bien terrible... Serait-ce un processus chimique lié à l'oxygène ? Il reste peut-être encore un peu d'air du pays dans le paquet fraîchement ouvert ;-)

Néanmoins, pas de panique ! Je pense qu'il nous est malgré tout possible de continuer d'acheter nos galettes directement d'Asie mais en gardant bien à l'esprit le fait qu'elles n'offriront pas le meilleur d'elles-mêmes avant quelques temps. Bref, il faut tenter de les faire re-vieillir chez soi; et ça ce n'est pas gagné d'avance !

Pour le stockage de mes Pu Er, j'utilise le fond de ma table en bois coulissante. Le bois suffisamment vieux est inodore (critère capital) et toutes mes galettes et briques sont ainsi à l'abri de la lumière et de la plupart des odeurs. Des fentes de chaque côté permettent l'oxygénation de tout ce beau petit monde ! Inutile de préciser le bonheur permanent de sentir les notes chaudes qui se dégagent de ma table à chaque fois que je l'ouvre... un vrai régal pour mon nez !

Une autre alternative consisterait en l'utilisation de jarres en terre cuite pour y déposer ses trésors à feuilles mais il y a un problème majeur : le goulot est souvent trop petit pour y introduire une galette entière sans être obligé de la casser en deux...