26 octobre 2006

Quel culot !


J'évoquais, dans un précédent article, le rôle d'un bon culottage à la réussite d'une infusion. La terre cuite étant poreuse, celle-ci finit à la longue par s'imprégner de tanins, formant une espèce de "mémoire" liée à toutes les précédentes infusions. Au fil du temps, le culottage à l'intérieur des théières s'améliore de plus en plus. Les infusions bénéficient de cette subtile présence de thé émanant des parois. Il suffit de tester un thé identique dans une théière neuve et une théière très culottée pour s'en rendre compte !

Voici ma petite méthode personnelle pour culotter une théière neuve. Il en existe sûrement d'autres, mais à l'usage, celle-ci me paraît la moins risquée de toutes.

ATTENTION : Pour commencer, il faut bien choisir le type de thé en fonction de l'usage futur de sa théière. La règle impose d'utiliser une théière Yixing par type de thé; j'en ai déjà un peu parlé. Une théière consacrée depuis longtemps aux Pu Er ne pourra que très difficilement se reconvertir dans les Wulongs. Par-contre, le contraire n'est pas impossible : passer d'une théière à Wulongs aux Pu Er est tout à fait envisageable. Il faut alors tenter une opération de reculottage.

J'utilise un grand récipient : un bol ou un saladier fera l'affaire (absolument propre et sans aucune odeur). Il faut en outre qu'il puisse résister à l'eau bouillante. Je place la théière dans le fond en ôtant le couvercle que je pose aussi dans le récipient. Je jette une grosse poignée de thé à l'intérieur de la théière et encore une ou deux bonnes poignées dans le saladier. Je fais bouillir l'eau et je commence par la verser dans la théière puis tout autour jusqu'aux rebords du récipient. La théière doit rester au fond. Il faut qu'elle soit impérativement et totalement immergée, sans cela, le niveau du liquide risque de la marquer. Par conséquent, il vaut mieux que le récipient soit le plus haut possible car les feuilles, en se gonflant d'eau, font baisser le niveau général et menacent donc de mettre une partie de la théière à nu. Je laisse tout ce petit monde reposer une douzaine d'heures. Eventuellement je répète l'opération une seconde fois.

Evidemment cette astuce ne constitue qu'une amorce de culottage. En effet, seules de longues et nombreuses infusions finiront par réveiller la théière en lui conférant une âme à travers ce fameux culottage.

Mais on peut très bien se passer de tout ça en se servant de la théière neuve telle quelle. Il suffit alors de la rincer un peu avant le premier usage puis de préparer un ou deux Gong Fu Cha avec un thé basique avant de s'attaquer par la suite aux grands !!