24 décembre 2006

Joyeux Noël


Mes théières et galettes s'associent à moi pour vous souhaiter à toutes et tous un Joyeux Noël !

Modérez votre appétit et en cas d'abus, un bon petit Pu Er bien corsé sera très efficace pour vous redonner la "frite" !!

A bientôt ?....

14 décembre 2006

Pêche du Yunnan


Petite escapade vers le Yunnan autour d'un Pu Er particulièrement gourmand et fruité. Il s'agit d'une brique de thé rouge (ou cuit si vous préférez) achetée chez Tea Masters et provenant de la célèbre firme CNNP qui se trouve dans cette région chinoise. Cette firme très connue des amateurs de Pu Er est réputée pour la qualité constante de ses produits.

Je conseille de doser ce thé à 4 grammes environ pour une théière de 10 cl (en Gong Fu Cha). Il est préférable de le préparer en théière en terre cuite et non en Zhong. Une terre épuisée serait encore préférable bien-sûr, car ces Yixing anciennes adoucissent considérablement les thés trop vifs et surtout confèrent aux infusions une rondeur hors-pair.

A ce sujet, je vous présente probablement la plus belle théière en "terre épuisée" de ma petite collection. Il s'agit d'une magnifique "peau de pêche" sûrement très ancienne. Le grain est superbe, il suffit de regarder la photo de près pour s'en persuader. Celle-ci a une contenance de 12 cl. Quant à sa ligne, je pense qu'aucun commentaire ne s'impose...

Dès les premières infusions, ce Pu Er semble intéressant. Les durées d'infusion varient au fil de la dégustation, mais je pense qu'une moyenne d'une minute me semble raisonnable. Il en ressort rapidement des notes chocolatées très douces évoquant un peu les thés rouges (comme le Qimen ou le Dian Hong) mais en mieux. On est en présence de quelque chose de très mûr, de puissant mais chaleureux.

Il n'est pas impossible d'être un peu dérouté par les discrètes senteurs de fumée mais celles-ci disparaissent au-delà des premières infusions.


L'ensemble est très sucré. Ce Pu Er est incroyablement long en bouche, très rond donc vraiment agréable (il l'est nettement moins en Zhong, croyez-moi !!). La palette aromatique est certes assez simple mais d'une redoutable efficacité. Quelques notes d'humus très plaisantes ainsi que des rappels discrètement fruités agrémentent l'ensemble.

Mais il est avant tout étonnant de constater qu'une telle maturité puisse être possible pour un Pu Er si jeune, datant à peine de 2000. Il possède certains aspects de Pu Er bien plus anciens. Très équilibrée, cette brique est relativement facile d'accès et fera le bonheur des amateurs de thés très fermentés comme les rouges chinois et autres Lapsang Souchong.

Pour aborder le monde complexe des Pu Er, cette brique est donc idéale.

De plus, il est impossible de trouver moins cher avec une qualité équivalente. Ce thé permet d'être appréhendé très facilement sans mauvaises surprises... 

Ma "cave à Pu Er" est constituée de galettes et briques valant parfois 5 à 10 fois ce prix; et bien certaines d'entre-elles ne m'ont pour l'instant pas encore apporté autant de plaisir...

Pas mal, pas mal du tout, tout ça !


12 décembre 2006

Verdict en vrac


Voilà comme promis, je mets en ligne l'intégralité (sans correction de ma part) des compte-rendus de dégustation du Pu Er en vrac n°15 de 1992 (M3T). J'espère ne pas en avoir oublié car je reçois des tonnes de mails quotidiennement sur la boîte du blog, preuve en est une fois encore du succès imprévu de LA GALETTE DE THÉ...

Merci infiniment aux quelques personnes qui se sont prêtées au jeu. La photo du jour leur est dédiée sur laquelle je lève mon bol de Pu Er (stocké de façon humide ou non....!!!) à leur santé ;-)

PS - aux autres lecteurs : il est toujours temps de m'envoyer vos commentaires sur ce Pu Er si le coeur vous en dit, je les ajouterai à la suite.


SOPHIE :
Oui, c’est par celui-ci, vrac 1992 B, que j’ai commencé en pu er ; plus exactement, j’avais le choix pour comparaison entre un vrac à petites feuilles référencé 1992 A et le vrac grandes feuilles, 1992 B. Le second est plus rond, plus mœlleux que le premier, ce qui est perceptible même au palais d’un débutant ; l’avantage de ce pu er est aussi de me laisser dormir le soir, il est assagi en théine semble-t-il ; ce qui en fait, entre autre, l’ami des fins de repas du soir. J’en connais même, des convives, qui ont dit que si c’était ça le thé, alors ils voulaient bien se réconcilier avec !

Au nez, le parfum des feuilles sèches entreposées dans une jarre en terre évoque la… betterave rouge ! Avec la nuance terre, le côté végétal et la saveur sucrée, nuances que l’on retrouve dans l’infusion pareillement. Pour le reste, je partage l’avis de jeancarmet, donné dans son post du 18 avril 2006 sur http://puerhyixing.blogspot.com/2006_04_01_puerhyixing_archive.html ; le commentaire de Philippe (la Galette de Thé ?!) sur la taille des feuilles est opportun : les feuilles sont « grandes » mais c’est tout relatif, et d’ailleurs elles ne sont pas si belles une fois réhydratées (elles paraissent littéralement « cuites »).

Les deuxième et troisième infusions ont donné le meilleur, parmi 5 passages d’une minute chacun. Pu er 1992 préparé en théière zisha plutôt qu’en zhong selon mon goût ; la porcelaine rend l’infusion trop « crayeuse » ; en comparaison, la terre souple de la théière vient arrondir l’infusion, les arômes et la saveur un peu sucrée ressortent bien. Betterave rouge, cette image gustative ne me quitte plus, depuis qu’un ami cuisinier l’a citée… terre humide de sous-bois, bois mouillé (on a tous un jour sucé un bâton de réglisse…).


BENJAMIN :
Dés l'ouverture du paquet, l'odeur très présente de cette merveille me saute au nez; j'ai l'impression d'avoir ouvert une porte qui donne directement sur une foret humide en automne. On voyage dés le départ!

J'ai pris soin de sentir les feuilles juste après leur nettoyage => je m'enfonce un peu plus de la forêt...

1ere infusion
La liqueur est foncée, mais reste bien transparente. A l'odeur, on se retrouve à nouveau entouré d'arbres, d'humus, mais sans que cela devienne génant. Au contraire, je sens un frisson dans mon dos; peut-être cela me rapelle-t'il de longues promenades dans la nature.
Après quelques secondes, on détecte une odeur légèrement sucrée. En même temps que les notes de têtes s'estompent, on peut remarquer des parfums plus discrets que je ne saurais interpréter.
Dés la première tasse, la bouche se prépare et prend de plein fouet des notes boisées, légèrement camphrées. Le frisson que j'ai ressenti revient, beaucoup plus fort. Je me sens bien, très bien. Je pense immédiatement à tout ceux de mon entourage qui ne comprennent pas ma passion. "Ils ratent vraiment des moments merveilleux!!"

2nde infusion
La liqueur est beaucoup plus foncée, mais est encore bien transparente. Je pense que sa couleur est aussi dûe au fait que c'est la fin de mon stock, ce qui fait que j'ai plus de brisures de feuilles.
Etonnamment, je ne détecte presque rien à l'odorat!! seulement l'odeur légèrement sucrée.
Le goût, quant à lui, est encore plus fort qu'à la 1ere infusion. Chaque gorgée apporte un plaisir immense. le palais et la langue sont complètement pris dans un tourbillon de parfums boisés, une merveille. Je remarque une sensation étrange au fond de la langue et de la gorge; comme la décrire? Serait-ce une petite acidité?? En tout cas, c'est divin; ça me fait saliver un peu.
Le goût est très très long en bouche. J'ai toujours les même sensations le temps que j'écrive ces lignes.

3eme infusion
Il n'y a pas de changement dans la couleur de la liqueur, et j'ai le même "vide" au niveau de l'odorat.
En revanche, cette infusion a un goût plus rond, plus délicat. Le thé s'adoucit. Si je devais faire gouter ce thé à un "non-initié", je pense que je choisirais plutôt cette infusion qui est moins "aggressive"
Le goût qui reste en bouche est fantastique. Je suis au paradis!!

4eme infusion
Mais dis-donc, ne serait-ce pas un goût camphré??? A chaque gorgée, je ressens une fraicheur exquise. Le goût boisé est toujours dominant, mais j'ai en même temps la sensation d'avoir gouté un peu d'eau fraiche d'un ruisseau.

5eme infusion
Le goût boisé est toujours présent. Le même régal, avec plus de mentholé.

6eme infusion.
N'ai-je pas laissé assez longtemps?? La liqueur est beaucoup plus claire.
Dans la bouche, une légère astringence apparait !! Les gorgées sont maintenant très "fraiches" c'est incroyable; je devrais peut-être l'essayer l'été prochain pour voir l'effet sur le corps lors des chaudes journées.

7eme infusion
Soyons fous!!! J'ai laissé infuser 1 minute. Le résultat: Je retrouve une liqueur plus foncée que précédemment. Le goût est encore très prononcé, mais plus "court" dans la bouche. Une légère astringence est toujours présente. La sensation de fraicheur est incroyable!

8eme infusion
Il devient de plus en plus difficile de tirer quelque chose des feuilles. J'ai laissé plus d'une minute. Le goût devient plus léger, mais toujours frais.

9eme infusion
3 minutes d'infusion!! je trouve à nouveau un liqueur plus foncée, mais dont le goût est plus léger. Néanmoins, je retrouve des sensations plus présentes.

10eme infusion
6 minutes d'infusion; la dernière
Le goût n'est plus trop présent, sympa, mais plus long en bouche. Je pense qu'il est temps d'arrêter.

Les feuilles
Dans mon cas, j'ai beaucoup de brisures de feuilles. Mais il reste néanmoins quelques belles feuilles. La couleur dominante est le noir, mais je vois quelques feuilles brunes, voire vertes. Je me demande s'il s'agit d'un Puerh fermenté ou vert. Serait-ce un intermédiaire? une légère fermentation puis conservation pendant 14 années??


BERTRAND :
J’ai constaté que les feuilles sèches sentent à la fois l’encens, la cire d’abeille et la terre. Les feuilles sont particulièrement de gros calibres et de couleur brun mat. J’ai utilisé environ 5gr dans ma théière en Duan Ni de 10cl avec une eau à 95°C.

Les parfums qui montent de la théière chaude après le rinçage sont terreux, doux et sucré. La liqueur est sombre et dégage une fumée épicée. Quand à la liqueur, elle présente des notes subtile de terre et le coté encens et cire d’abeille est présent également.

Un excellent Pu’erh incontournable aux notes antique et terreuse que je conseille vivement à tout amateur de pu’erh. Un Must.


NIKOSAN :
Voici une brève description du Pu Er n°15... c'est du rapide, sans prétention...!
La feuille sèche au nez nous plonge dans les profondeurs des sous-bois humides... . La liqueur est d'un beau rouge-orangé, tandis que les feuilles infusées prennent une teinte très sombre, rappelant ses arômes des profondeurs. Nous retrouvons en bouche des notes boisés, ainsi que des notes de terre humide. La longueur en bouche est étonnante et nous finissons même par sentir de délicates notes fruitées! En Gong Fu Cha, ce thé tient très bien les infusions, en gardant des arômes concentrés. Imaginez-vous sentir de la terre humide suite à un orage... c'est ce que nous sentons dans notre petite théière. C'est un Pu Er qui s'infuse également très bien en grosse théière de Yixing.
Retenons de ce thé des arômes à la fois puissants, délicats, longs en bouche et pour un prix abordable...


MATHIEU :
Les feuilles à sec sont racornies, comme dans la plupart des pu erh cuits. le grade est moyen.
Au nez, une odeur boisée, et la paille mouillée à l'automne.
Rincage 15s et 1 minute de repos
*Première infusion : 15 sec
Ce pu erh démarre assez lentement, on reste sur les notes boisées, mais la liqueur, d'un rouge-orangé pâle, est encore un peu "faiblarde" à ce stade.
*Deuxième infusion : 20 secondes
Un peu plus de corps, les parfums deviennent plus humides, plus terreux, quelques notes tourbées. Encore peu de matière en bouche et un finish brutal.
*Troisème infusion, Quatrième et Cinquième infusions : 30 secondes
Le thé se réveille vraiment, (je fais des infusions plus longues qu'à l'accoûtumée, normalement ma seconde infusion tourne plutôt autour des 10 secondes). Une matière beaucoup plus importante. L'odeur du terreau humide que l'on sort au printemps pour les jeunes plants. Des notes de cave, mais dans le sens de la découverte : quelque chose de vieilli, suranné.
La quatrième infusion est la plus équilibrée en ce qui me concerne.
La cinquième infusion évolue un peu sur un coté plus voilé, plus sombre, on reste dans le registre de la terre mouillée, des lichens.
*Sixième infusion : 50 secs
Malgré la longueur, le thé commence à se fatiguer. Les notes sont semblable à celles de la cinquième infusion, mais le thé "coule" plus vite, la matière s'amenuise.
*Septième infusion : 1 min
De plus en plus humide, les notes évoluent vers des choses plus "marines", les mousses deviennent algues.
*Huitième infusion : 1 minute 30
Beaucoup plus claire, en bouche, c'est de nouveau très faible, mais laisse en revanche place à son coté refraichissant en gorge.
A noter une petite sensation acidulée plaisante qui demeure en bouche après la dégustation.
Je pense que c'est un pu erh honnête, assez classique, mais pas extraordinaire (je pense que tu ne me contrediras pas), c'est un excellent choix pour débuter ou pour comparer, mais il manque clairement de matière en bouche, il ne tapisse pas bien le palais ni la gorge. Au niveau gustatif, il manque beaucoup de complexité. De plus, je le trouve assez peu endurant (mais c'est normal pour un cuit).

8 décembre 2006

Cessez-le-feu


Histoire d'apaiser un peu les esprits suite aux commentaires houleux relatifs à la M3T sous mon dernier article, voici une photo fraîche, reposante, dont les couleurs sauront sûrement détendre les (nombreux) lecteurs de mon blog. Je profite de l'occasion pour remercier au passage tout le monde de l'intérêt porté à la GALETTE DE THÉ !

Mais comme le souligne un lecteur, je ne souhaiterais pas que ce média se transforme en arène où l'on règle des comptes... Cela-dit, ces échanges musclés sont loin d'être inintéressants. Ils ont le mérite de prouver que rien n'est dogmatique en matière de thé !! Mais de grâce, arrêtons de nous acharner sur Maître Tseng, qui je le rappelle, est tout de même la principale instigatrice de notre passion des thés chinois de qualité. Du-moins ça été le cas pour moi et pour bien d'autres... Donc merci de respecter cette consigne.

La semaine prochaine je publierai les quelques commentaires que j'ai reçu sur le Vrac n°15 de 1992. Pour les retardataires, il est encore temps de m'envoyer quelques lignes sur vos dégustations personnelles...

Sur cette photo vous pouvez admirer un magnifique Wulong de haute montagne constitué de feuilles impeccables. Relativement peu fermenté, ce Luanze Oolong (de Tea Masters) est d'une fraîcheur à vous couper le souffle. Notes de muguet et autres fleurs. Mais il me semble que j'en avais déjà parlé un jour sur ce blog.

Remarquez le contour un peu rougeâtre des feuilles. Ceci illustre bien un début d'oxydation avant qu'il ne soit stoppé. Un Wulong avec une fermentation plus élevée laissera apparaître des traces rouges beaucoup plus prononcées. Ce Luanze Oolong est encore très vert comme vous pouvez le constatez.

Autre point important : une fois de plus l'harmonie des couleurs contribuent à une parfaite dégustation. En effet, le vert des feuilles et le bleu de l'assiette s'équilibrent ici parfaitement et témoignent ainsi d'une dégustation terminée forcément réussie (des feuilles ternes, déchiquetées, peu engageantes, ... supposeraient plutôt le contraire).

Après un Gong Fu Cha, pensez toujours à sortir les feuilles de la théière et disposez-les sur l'assiette à thé. Admirez les feuilles, c'est une étape très importante et qui a toute sa place dans une dégustation.

Il n'est pas complètement faux de penser qu'il s'agit finalement d'une certaine forme d'hommage ou de remerciement post-dégustation envers le thé, ou plutôt envers ses vestiges...