13 octobre 2006

Pour cent briques t'as plus rien... !


Peut-être, mais avec une seule brique n°10 de 1983 (M3T) vous avez entre les mains les clefs qui ouvrent les portes du Paradis !!!

Sur un conseil monumental de Gilles, l'excellent vendeur de la célèbre boutique de la Place Monge à Paris, j'ai découvert un jour ce trésor inestimable.

Il est assez difficile de décrire avec des mots simples cette brique de 250 grammes. Il faut la vivre, un peu comme la galette n°11 de 1985 dont je vous ai déjà parlé.

Pour commencer, il faut choisir dans votre collection la théière la plus masculine possible. Je m'explique : je pense qu'il est impératif d'utiliser une théière racée, aux paroisses épaisses, granuleuses, aux formes viriles pour "posséder" pleinement cette brique qui s'avérerait totalement incontrôlable dans une théière médiocre, fragile ou aux parois trop fines (un peu comme un pilote débutant à bord d'une Ferrari). J'ai choisi une Yixing en terre épuisée épaisse généralement très "rentre-dedans" avec les Pu Er bien mûrs. De forme classique, elle fait 10 cl et est relativement vieille. Patiemment patinée par le temps, un peu brute de décoffrage mais avec un grain très sensuel, cette théière me semble parfaitement appropriée.

Dosé à 5 grammes pour un effet maximum, voilà notre couple Pu Er-Yixing prêt à rugir de manière tonitruante... Dès la première infusion, on atteint des sommets. D'entrée de jeu, on observe un équilibre parfait au niveau de toute la palette aromatique (notes de tête comme de fond). Des senteurs très boisées, de tourbe, de vieux bois précieux, des notes de fruits secs d'automne (comme la noisette) ainsi que quelques rappels de pâte d'amande ou même de vanille. Ce Pu Er me paraît très gourmand, sucré, plein, rond, juteux avec une mâche extraordinaire et surtout long en bouche... Bon, il faut que je me calme là car je suis entrain de m'emporter !!!

Préparé en Gong Fu Cha, les infusions ne cessent de se succéder en se bonifiant à chaque fois. Mais comment est-ce possible ? Touchons-nous là vraiment du doigt à quelque chose de divin ?

Vous l'aurez compris, je place cette brique n°10 de 1983 au panthéon de mes thés préférés toutes catégories confondues. Mais je ne suis pas le seul me semble-t-il.... L'ami Lionel, à qui je dédie cet article, ne plane-t-il pas au dessus des nuages depuis qu'il a cédé un jour à la tentation de cette brique ? Je me trompe ??...