29 avril 2007

Mimie Mathy


En test aujourd'hui, une minuscule galette de 100 grammes au lieu des 350 grammes traditionnels. Il s'agit de la petite galette n°23 de 1994. Comme tout ce qui est petit, elle est toute mignonne emballée dans son joli papier kraft avec idéogrammes chinois.

J'ai préparé ce Pu Er dans ma petite théière taïwanaise et je l'ai dosé assez fortement (3,5g / 6cl). Un dosage assez costaud est vraiment conseillé car cette galette fait partie des Pu Er endormis, léthargiques, qu'il ne faut pas hésiter à brusquer afin qu'ils puissent s'exprimer.

Il s'agit vraisemblablement d'un Pu Er "cuit". Une présence et une longueur très moyennes mais une belle douceur sauve un peu l'ensemble. Ce Pu Er peu complexe est malgré tout assez agréable à boire car il ne connaît aucune agressivité et ne déroute nullement l'amateur de "cuit". Il est mûr, juste comme il faut, ni plus ni moins. Les notes boisées rappellent un peu les senteurs automnales rencontrées en forêt auxquelles viennent s'ajouter des parfums de miel, de fruits secs et de lait. Si je ne me trompe pas, j'ai l'impression aussi d'y sentir un peu la poire.

La liqueur en tasse est sombre et joliment gouleyante. En bouche, celle-ci ne brusque pas le palais. Le souvenir est furtif mais plaisant.


Rien de transcendant vous l'aurez compris, mais dans ce monde de brutes, la douceur fait parfois du bien !

A conseiller à ceux qui connaissent déjà beaucoup d'autres choses.

Un autre avantage : une galette de 100 grammes sera toujours moins chère qu'une de 350 grammes, même si on peut mettre en doute, dans le cas présent, le rapport qualité/prix qui est somme toute assez discutable !

18 avril 2007

Congé annuel


La Galette de Thé sera fermée durant 15 jours environ. Pas de nouveaux articles car je n'aurai pas accès à mon ordinateur personnel ni à mes thés :-(, mais vous pouvez évidemment laisser vos passionnants commentaires, j'y répondrai avec grand plaisir.

Une petite virée à Paris de trois jours me permettra de faire la connaissance des rédacteurs des excellents blogs Pu-Erh & Yixing et Blackteapot. Une rencontre au sommet en quelque sorte dont on vous reparlera très certainement sur l'un de nos blogs respectifs !

Egalement au programme deux ou trois visites à la Maison des Trois Thés où je vais probablement encore laisser quelques plumes comme d'habitude et la découverte du magasin Endora qui s'est fait connaître sur mon blog, il y a quelques mois, de façon un rien ostentatoire ! Curieux de connaître enfin cette mystérieuse boutique...

En attendant, allez butiner sur les autres blogs amis qui sont dans ma sélection.

Au passage, je vous signale la naissance d'un tout nouveau blog qui me semble prometteur : Teajar. Souhaitons-lui un grand succès.

A bientôt pour de nouvelles aventures.

Philippe

14 avril 2007

Tai Ping Hou Kui ou Pu Er ?


Osons le changement ! En effet, je vous présente pour une fois un Pu Er acheté chez Yunnan Sourcing et non dans mon magasin parisien préféré !... Il s'agit de la brique Dehong Yunnan de 2005 (purple leaves).

Cette grosse brique de 500 g était à l'époque fortement conseillée par Mike Petro, le passionné un peu toqué de Pu-Erh.net !

Il n'a été produit que 800 kilos de ce Pu Er un peu particulier. Son originalité réside dans le fait que les feuilles deviennent violacées quand elles sont cueillies. Ce thé est sensé avoir un potentiel de vieillissement assez intéressant. Pas faux à mon avis !

Il faut avouer que cette brique n'est pas mal du tout. Ce n'est plus un secret pour personne, je ne raffole pas des Pu Er trop jeunes. Mais bizarrement, l'impression de fraîcheur sucrée et fruitée laissée par cette brique réjouit particulièrement mon palais.

Préparé dans ma taïwanaise de potier (que j'utilise de plus en plus pour tester les nouveautés). Dosage : 3 g pour 6 cl. En Gong Fu Cha.

Les infusions sont juteuses, ont de la matière. Peu de faiblesse au fil des différents passages. Un Pu Er étonnamment équilibré. On sent les fruits qui tapissent le palais et parfument la bouche longtemps après la fin de la dégustation. Des notes de fruits gorgés de soleil : pêche, abricot. Absolument aucune amertume, ni odeurs de fumée : superbe !! Aucune brutalité mais beaucoup de rondeur. Une présence très affirmée qui persiste, persiste, ... Quelques délicates notes de chlorophylle accentuent encore le côté très vert et rafraîchissant.

La liqueur est jolie, transparente et plutôt verdâtre que jaune. Peu de poussière d'où une belle limpidité. J'aime aussi le petit côté acidulé (je n'ai pas dit amer) qui apporte un peu de "peps" à l'ensemble.

Et quelle fraîcheur ! D'ailleurs ce Pu Er peut induire le dégustateur en erreur. En blind test, il pourrait presque être confondu avec un thé vert ! En effet, son côté puissamment vert, sucré et très rond me rappelle un peu le célèbre Tai Ping Hou Kui. Je trouve qu'il y a des similarités troublantes entre les deux. Ca tombe plutôt bien car le Tai Ping Hou Kui est le seul thé vert que j'aime encore boire de temps en temps.

De plus, le prix plus que correct accentue encore le bonheur de posséder cette magnifique brique. Je ne m'attendais à rien en la commandant, or il s'avère que j'en tire un plaisir particulièrement inattendu et bien supérieur à celui laissé par certains très grands crus coûtant 10 fois plus chers...

Un des très rares achats internet que je n'ai pas regretté ! Donc un seul mot me vient à l'esprit : foncez.... !

10 avril 2007

Trois vracs et un enchantement


Qui n'a pas entendu parler ces derniers temps de ces trois fameux nouveaux Pu Er proposés en vrac à la M3T ? Raphaël a annoncé récemment la bonne nouvelle sur son blog Blackteapot. Telle une traînée de poudre qui prend feu, tout le monde s'est précipité sur ces trois thés qui, reconnaissons-le, contredisent bien des rumeurs et autres à priori sur le marché actuel des Pu Er.

Je ne vais pas me lancer dans une analyse détaillée de chaque vrac. De toute façon, Raphaël en a fait une critique bien constructive dans laquelle je me retrouve presque totalement. J'aurais pu faire un copie-coller de son texte mais je me contenterais de vous livrer quelques notes rapides prises lors de mes tests !

Les trois références ont été préparées de la même façon : 3 grammes en taïwanaise de 6 cl selon la technique du Gong Fu Cha.


vrac n°22 (1996)

iodé, poivré, végétal
assèche la bouche
terreux, camphré, fruits secs en final
petites feuilles très parfumées
calme et équilibré : rien ne vient agresser le palais
rappelle curieusement par moment la galette n°11 de 1985 qui coûte 10x plus cher
DE TOUTE BEAUTÉ



vrac n°23 (1997)

légumes, bouillon, fruit (mirabelle essentiellement)
proche par moment du carré n°3 de 1980 et rappelle quelques fois le Tuo Cha n°8 de 1986
rond, long en bouche, belle fraîcheur sucrée
assez doux mais très complexe pour un Pu Er de ce prix
un côté "dandy" car élégance un rien prétentieuse (feuilles impressionnantes)
EXCELLENT



vrac n°24 (1998)

parfums de vieux cuir relativement prononcés, boisé et fruité (pruneaux)
terre humide, notes animales musquées
très sucré et extrêmement long en bouche
bel équilibre
FANTASTIQUE POUR CE PRIX



Chacun de ces trois vracs possède une charpente très solide qui les rend tous incroyablement expressifs et présents. Une bonne maturité bien maîtrisée apporte non seulement beaucoup de complexité et des parfums prononcés mais en plus, ils font preuve tous les trois d'une belle fraîcheur. Des rapports qualité/prix rarement atteints. En effet, dans cette gamme de thé, la barre placée très haut par le défunt vrac n°15 de 1992 est désormais pulvérisée !

Il est impossible de procéder à un classement. Ces trois références sont complémentaires. Chacun possède un caractère très fort et totalement distinct des deux autres. Aussi est-il préférable de les acheter tous les trois ensemble.

Mes plus beaux achats de 2007 (voire de 2006 !).

6 avril 2007

Méditation


Quelques feuilles d'un Pu Er âgé de plus de 25 ans et des traces de patine au-moins tout aussi vieilles laissées sur les bords d'un couvercle d'une de mes vénérables Yixing.

Un bel hommage au temps qui passe ou s'affrontent sans cesse le minéral et le végétal. L'un agissant sur l'autre : le thé améliore la terre cuite qui elle-même améliore à son tour le goût du thé et ainsi de suite.

Existe-t-il plus parfaite complémentarité ? Je ne pense pas. L'équilibre parfait, le Ying et le Yang, la quadrature du cercle, l'entente parfaite, etc...

Tout l'art du Pu Er peut se résumer à travers cette photo. Cliquez et agrandissez-la puis méditez quelques instants sur elle. Il y a des moments où il n'est même plus nécessaire de boire de cette variété de thé pour vite s'apercevoir de son absolue perfection !

Bon ça m'a donné soif tout ça, j'vais me faire une p'tite galette n°11 de 1985 qui incarne à elle-seule la perfection !!

JOYEUSES PÂQUES À TOUS

2 avril 2007

Quel gros bébé ma brave dame !


Eh oui, un bon gros Tuo Cha bien rustique de plus de 250 g. Un gros nid qui pourrait accueillir une famille entière de moineaux !

Je vous présente le Tuo Cha n°3 de 1979 acheté, une fois n'est pas coutume (!), à la Maison des Trois Thés de Paris. Il s'agit en fait d'un conseil personnel de Raphaël du blog Blackteapot qui estimait injuste mes critiques à l'égard de la famille des Tuo Cha.

Il semblerait que ce Pu Er soit un "cuit". Les notes boisées omniprésentes s'inscrivent totalement dans le schéma de ce que l'on retrouve en général avec ce type de thé.

Ce Tuo Cha est bien sage, paisible, délicat. Il ne surprend pas vraiment de par son originalité mais sa rondeur, son moelleux sécurisent et entraînent celui qui le boit vers de bons moments d'extrême douceur. La force tranquille en quelque sorte !


A vrai dire, je m'attendais tout de même à quelque chose de plus complexe, mais je ne boude pas pour autant mon plaisir de pouvoir apprécier un thé de quasiment trente ans ! Ca devient si rare de nos jours que l'on ne va pas jouer les fines bouches.

La dégustation en Gong Fu Cha. Une Yixing très ancienne de 11 cl et 4 grammes de feuilles.

Les premières infusions restent très stables. Les notes boisées et de fruits secs (noisette, amande) dominent largement la palette aromatique. Il n'y a absolument aucune odeur de moisi, de cave humide ce qui prouve que la maturation est plutôt réussie et que ce Tuo Cha fut stocké dans un endroit propice à ce type de Pu Er.


La longueur en bouche me semble moyenne mais équilibrée. Aucune agressivité, de la douceur et encore de la douceur. Hélas, ce Tuo Cha s'épuise assez vite. Il n'est guère possible d'aller au-delà de 5-6 infusions. Dommage.

Mais alors tout cela ne sent-il pas un peu trop le "centrisme" ???!!! Oui et non. Oui dans son manque d'audace, de courage, de personnalité et non, dans le fait que cette apparente frilosité évoque davantage la sagesse et l'expérience de méthodes de vieillissement ancestrales qui ont fait leurs preuves au cours des siècles...