27 février 2007

Surprise, surprise...


Etonnante surprise que constitue cette brique 2000 de la Fu Hai Tea Factory proposée par Tea Masters dans sa petite (mais efficace) sélection de Pu Er.

Un peu dépité ces derniers temps par l'explosion injustifiée du prix des Pu Er, surtout dans mon magasin parisien préféré, j'avais envie de me rabattre sur quelque chose de plus simple et donc de moins cher. Mais comme je me méfie des commandes à l'aveuglette sur le net, j'ai finalement opté pour Tea Masters où j'ai rarement été déçu.


Stéphane propose deux briques produites la même année. L'une de la célèbre firme CNNP, j'en avais déjà parlé sur mon blog et une autre qui provient de la Fu Hai Tea Factory. C'est cette dernière que je viens juste de recevoir par courrier.

La brique CNNP était déjà un achat fort intéressant compte tenu du prix exceptionnellement bas : environ 20 € les 250g. Mais la brique de la Fu Hai Tea Factory, proposée au même prix à un euros près, semble largement supplanter sa concurrente.

En effet, je trouve cette nouvelle brique beaucoup plus subtile et raffinée. Certes la CNNP est puissante, parfumée mais présente néanmoins deux défauts majeurs qui peuvent décontenancer certains amateurs éclairés : des notes de fumée assez persistantes et un côté un peu "brut de décoffrage". OK c'est plein, gourmand, mais la palette aromatique est tout de même assez peu étendue. Il s'agit plus d'un Pu Er pour "dégriser" en cas d'abus de schnaps qu'un thé de dégustation !!! Attention, je l'aime beaucoup malgré tout et je le conseille à tous.

Mais revenons à notre brique de la Fu Hai Tea Factory. Celle-ci est indubitablement plus équilibrée. La puissance est sous-jacente ce qui permet aux arômes de s'exprimer de manière beaucoup plus délicate. D'autre part, le grade des feuilles est différent : 1, 2, 3 alors que la CNNP est constituée de feuilles de grade 5. Les feuilles sont plus petites et plus jolies.

La dégustation de cette brique s'est déroulée de manière classique : 4 grammes dans une théière en "terre épuisée" de 10 cl selon la technique Gong Fu Cha, bien entendu !

Dès les premières infusions on entre de plein pied dans un univers calme, rond, chaud et réconfortant. Il n'y a aucune amertume, même au premier passage. Il s'agit d'un Pu Er de type "cuit", d'ailleurs tout comme la CNNP. Les caractéristiques communes à cette famille de Pu Er sont bien au rendez-vous : boisé, mûr, chocolaté mais aucune présence de terre humide, de fumée ou d'odeurs de ferme. Tant mieux, car on rencontre trop souvent ces parfums désagréables dans les Pu Er "cuits" peu chers (et très jeunes). Un fort pourcentage d'amateurs inexpérimentés, qui découvrent les Pu Er, pense même à tort que les odeurs de moisi ou de cave humide sont un gage de qualité. C'est absolument faux. C'est même carrément le contraire !

A ce propos, certains commentaires laissés sur le blog de Stéphane concernant cette brique, me semblent pas tout à fait appropriés car je ne perçois par exemple aucune odeur de sous-bois humide ni de champignons mais plutôt, comme le souligne judicieusement une personne, quelques notes de vanille et de cuir. J'ajouterais à ces parfums l'odeur délicate de papier que dégagent les vieux livres et quelques rappels de fruits secs; c'est flagrant.

La longueur en bouche est moyenne mais la tenue tout au long de la dégustation ne faiblit pas vraiment. Une douceur boisée légèrement sucrée, du début à la fin.

Vraiment une agréable surprise et pour vraiment pas cher, dois-je le rappeler ! Ceci est suffisamment rare depuis quelques semaines pour ne pas se gêner de le crier haut et fort...

16 février 2007

Théière anti-gaspi


Pour contrer l'envolée actuelle complètement délirante des prix des Pu Er, pourquoi ne pas s'offrir la théière la plus petite possible ? A quoi peut bien servir une théière de 20 ou 30 cl à part à gaspiller les précieuses feuilles qui coûteront bientôt aussi cher que le caviar !!!

Dans ma petite taïwanaise de 6 cl environ que vous connaissez déjà tous, je n'utilise guère plus de 2-3 grammes de Pu Er au lieu du double dans mes Yixing en terre épuisée qui font toutes entre 10 et 15 cl. Le rendu est tout aussi intéressant, la liqueur est huileuse, concentrée donc riche en arômes.


Bizarrement avec cette petite merveille, je n'angoisse pas à chaque fois en regardant, perplexe, mes galettes les plus onéreuses s'effriter de plus en plus tout en voyant les euros défiler devant mes yeux !

Cette minuscule théière de la M3T fabriquée par un (ou une ?) potier de Taïwan, qui s'appelle Yang Wen Ji, est un peu la "Smart" des théières !!! Les deux ne consomment presque rien et sont donc très économiques.

Un excellent investissement pour finalement faire des économies.

PS : je ne roule pas en "Smart" pour autant !!!

12 février 2007

Cruche ou Cruchot ?


Eh oui, il arrive d'être surpris par la laideur de son matériel à thé et du coup, d'appréhender de boire le breuvage que l'on vient de préparer...
Une règle d'or : choisir toujours les tasses en fonction de ce que l'on s'apprête à boire !

En fait ce post est un petit clin d'oeil à l'ami Lionel. J'en profite pour vous inviter à consulter son joli blog, si poétique : EMOTIONS DE THÉ

9 février 2007

Les aventures du vieux Gao Shan et de la grosse théière !


Au menu aujourd'hui, le Gao Shan Cha n° 8 de la M3T.

Préparé en grande théière, ce Wulong aux feuilles gigantesques est un thé bleu-vert originaire de Taïwan. Il s'agit d'un très grand cru, relativement cher. Les feuilles sont roulées en boules et deviennent très grandes une fois infusées. S'il est préparé en Gong Fu Cha, il est préférable de se prémunir d'une théière pas trop petite mais plutôt d'une contenance de 15 à 20 cl environ.

Le Gao Shan Cha est un thé assez faiblement fermenté entre 10 et 20%. Il se rapproche par conséquent assez des thés verts tout en possédant bien plus de caractère, et contrairement à ces derniers, il peut se préparer en Gong Fu Cha, comme je viens juste de le souligner (mais à condition qu'il soit encore frais).

Ces thés poussent dans des jardins situés entre 1000 et 1500 mètres sur le versant ouest de l'île de Taïwan. Le climat est froid et humide et les théiers sont plongés constamment dans la brume ce qui leur confère un goût particulier.

Ces Wulongs ont la réputation d'être très parfumés. On est essentiellement sur des registres incroyablement fleuris : des fleurs et encore des fleurs qui embaument votre palais ! La liqueur se rapproche presque de certaines huiles essentielles florales.


Mon Gao Shan Cha est hélas un peu vieux (2 ans). Etant donné son prix initial, il était hors de question de le jeter. Mais ayant bien profité de belles dégustations en Gong Fu Cha, je peux me permettre d'écouler mon petit stock d'une autre manière : en grosse théière !

J'attire votre attention sur le fait qu'un Wulong non torréfié et un peu défraîchi est encore tout à fait consommable au-delà d'une année (2-3 ans maximum). Certes le côté vert aura disparu, mais une certaine maturité prendra le relais assez rapidement. Evidemment les Wulongs bas de gamme sont à jeter aux oubliettes assez rapidement car ils virent au goût de paille ou de foin. Donc totalement irrécupérables.

Par-contre, les grands crus peuvent parfaitement rester très agréables à boire, à condition d'être préparés dans une grosse théière d'environ 40 cl. Il me semble bien en avoir déjà parlé un jour sur ce blog.

La technique est toute simple : contrairement au Gong Fu Cha, les feuilles n'infuseront qu'une seule fois. Le dosage : de moitié moins qu'avec un Gong Fu Cha, soit 3 g pour 40 cl (au lieu de 6 g pour 10 cl). L'infusion sera, quant à elle, très longue : environ 7 minutes au-lieu des quelques secondes avec l'autre technique.

Moins varié qu'en Gong Fu Cha, le rendu sera très différent. L'unique infusion sera généralement huileuse, très ronde et gorgée de parfums. Mais il s'agira plus d'une synthèse aromatique générale (comme une espèce de "best of" de ce que le thé a dans le ventre !) plutôt qu'une infusion analytique et progressive proposée par la technique du Gong Fu Cha .

Dans un Wulong un peu trop vieux les subtilités auront logiquement disparu, mais les notes d'ensemble seront toujours présentes. L'infusion en grande théière permet de les réveiller et d'y apporter un certain relief. La technique de la grosse théière convient également parfaitement aux Wulongs d'entrée de gamme qui ne nécessitent nullement une infusion en Gong Fu Cha. Il ne faut jamais oublier cette règle d'or : un Gong Fu Cha permet de mettre en avant la beauté d'un très grand thé mais également les défauts d'un thé médiocre...

5 février 2007

Le poids de l'élégance



Comment ne pas succomber au charme de cette galette n°21 de 1990 (M3T) d'une légèreté et d'une finesse proches de la dentelle. Les feuilles sont d'une rare élégance pour un Pu Er compressé. Elles sont tellement souples qu'il suffit presque de souffler sur la galette pour qu'elles se détachent; magique !! Au placard le couteau à huîtres...

Cette galette semble constituée de feuilles entières particulièrement bien conservées. La compression en galette, faite ici de manière très souple, paraît impécablement maîtrisée. Mais je pense avant tout que ce Pu Er a subit un stockage parfait, car le côté savoureux et léger semble confirmer un vieillissement idéal : aucune odeur de moisi, de grange humide, de pourri. On est en présence de quelque chose de parfaitement abouti, avec un potentiel énorme. De plus, en admirant la beauté des feuilles, je les soupçonne de provenir de théiers sauvages. Mais je ne peux pas l'affirmer à 100%.

Ce Pu Er se situe à mi-maturité. Encore assez vert d'esprit, les premières rides de vieillesse commencent à trahir ses 17 ans d'âge ! Les parfums sont extrêmement complexes, allant du fruité au camphré, du végétal au minéral, en passant quelques fois par des notes de fleurs dont je n'ai pas forcément réussi à discerner leur provenance (probablement une fleur rare poussant au fin fond d'une forêt paumée dans un pays inconnu !!). Enfin quoiqu'il en soit, une liqueur hautement parfumée.

La dégustation : quatre grammes dans une terre épuisée de 10 cl et préparé bien-entendu en Gong Fu Cha. Une dizaine d'infusions au total. Il est sûrement possible d'aller bien au-delà, mais faute de temps, je me suis limité à ces dix infusions parfaites et hautement poétiques.

J'oubliais : le préambule est tout aussi puissant en émotion, à savoir les feuilles sèches dans la théière vide brûlante : un grand moment avec ses parfums chauds et suaves ! Cette étape préliminaire du Gong Fu Cha est d'ailleurs souvent ma préférée.

La classe...