19 mars 2007

Vive les eighties !


Rrraaaaaahhhh, je revis !

Après ces escapades en demi-teinte avec les Pu Er ultra jeunes, j'avais envie de faire un saut dans le temps à la rencontre de vieux sages, calmes, posés, emplis de sérénité qui m'ont donné jadis le goût des Pu Er. Il fallait que je me sécurise, que je retrouve certains repères, mes racines...

Ce retour aux sources m'a fait le plus grand bien. C'est étonnant car j'ai rarement autant apprécié cette galette n°19 de 1980 (M3T). Un peu comme si mon palais s'était perdu avec des notes auxquelles il n'était pas habitué et qui retrouve des parfums où il se sent tellement à l'aise.

Mais que c'est bon ! Déjà l'état du papier qui enveloppe la galette évoque l'ancien : il est troué, jauni, des tâches brunes apparaissent un peu partout. Une ambiance s'installe peu à peu et annonce probablement une belle dégustation à venir.

La dégustation ? Classique, en Gong Fu Cha, 3,5 g dans une Yixing de 11 cl. Pour l'occasion, j'ai remplacé la cartouche Brita par une toute neuve.

Alors qu'auparavant avec cette galette, je n'arrivais pas vraiment à apprécier les trois premières infusions, cette fois-ci, dès la première tasse je décolle !! Voilà, nous y sommes, pour moi un Pu Er doit ressembler plus ou moins à ça. Et toutes ces galettes âgées juste de quelques années devront s'en rapprocher le plus possible dans 27 ans ! C'est bien pour cela, qu'elles ne représentent en l'état qu'un intérêt très limité à mes yeux.


Que c'est gourmand, rond, plein. Une explosion de parfums comme les champignons, les odeurs humides de forêt, le camphre doux ou encore la pêche de vigne... Et que dire de ces notes de cire d'abeille évoquant les meubles anciens, vous savez ce genre d'odeur omniprésente dans certains musées; il n'y a rien à dire en fait, on ferme les yeux et on rêve d'une vie de château la tasse à la main !

Lors des premières infusions, une pointe d'amertume risque de perturber un peu les palais trop sensibles, mais ce n'est qu'un détail bien vite oublié. Un souvenir piquant de jeunesse probablement !

Néanmoins, ce léger déséquilibre de départ, se stabilise remarquablement bien vers les 4e-5e infusions. A partir de ce moment-là, on oublie tous ces petits défauts et la dégustation se prolonge presque à l'infini. C'est magnifique. Dire qu'avec ma nouvelle galette de 2003 je commençais déjà à m'ennuyer au bout de 10 minutes; avec celle-ci, la conversation ne faiblit pas un instant, elle dure, elle se prolonge. On est sur la même longueur d'onde... Je crois que c'est dans la poche ;-))

Il me vient soudainement une idée, désormais avant d'attaquer certaines vieilles galettes prestigieuses, telle que la 1985 n°11 ou d'autres de ce gabarit, je boirai la veille un jeune Pu Er un peu trop vert qui aura le don de m'agacer parce que je n'aime pas ça... Puis le lendemain, de mauvaise humeur, j'attaque la "vieillerie" avec une joie si grande que même les Pu Er médiocres des années 80 me paraîtront exceptionnels !

J'ai comme l'impression que les Pu Er trop jeunes ne servent finalement qu'à mettre en valeur les plus vieux. Un rôle taillé sur mesure étant donné que ces thés de quelques années n'arriveront jamais à vieillir dans nos appartements, ça me semble totalement utopique et particulièrement naïf d'y croire (ça y est, je vais encore me faire des ennemis) !