9 mars 2007

Du bon, du vieux, du costaud


L'heure est à la mode aux Pu Er de moins de 5 ans, fougueux, à la jeunesse insolente....; bon soit. Aussi avais-je envie de vous parler plutôt de vieilles feuilles, de Pu Er bien mûr, de goût boisé, de terre humide, etc ... Bref du classique, du traditionnel. J'aime tant ça ! Ca doit être lié à mon côté un peu réac !!!

C'est un peu par hasard que j'ai découvert très récemment un petit bijou, une valeur sûre de la M3T paraît-il : le Tuo Cha Feng Huang n°7 de 1978.

Il s'agit d'un Tuo Cha (TC) très viril qui en a dans le ventre : du costaud. Mme Tseng l'avait personnellement conseillé à l'un de mes amis lors de son séjour à Paris. A son retour, il s'est empressé de me le faire goûter chez lui (thanks Alexandre ! ). Je me souviens encore très bien de ce moment. Moi qui avait un à priori énorme à l'égard des TC, je trouvais celui-ci vraiment délicieux et très gourmand. J'avais du mal à croire qu'il s'agissait d'un petit TC de 100 g qui ne payait absolument pas de mine ! C'est à partir de ce jour-là, que je m'étais définitivement réconcilié avec la famille des TC.

Eh oui, surprise, la qualité est au rendez-vous. Oh même bien au delà, c'est du très grand matos ! D'ailleurs les délicieuses odeurs sucrées et terreuses qui s'échappent subrepticement du papier enveloppant le TC, nous mettent vite la puce à l'oreille. Au fur et à mesure que l'on déballe ce Pu Er en forme de nid, les parfums s'intensifient et viennent chatouiller les narines. C'est doux, c'est sucré... C'est prometteur.

Les dégustations se sont faites en terre épuisée de 10 cl et en taïwanaise de 6 cl. Dans les deux théières, le TC se comporte brillamment. La première chose qui frappe c'est l'odeur des feuilles sèches dans la théière vide brûlante. On est dans la continuité des odeurs repérées au déballage du TC mais en plus intenses. C'est magnifique : cuir ancien, livres anciens, terre humide, liège. Je ne me lasse pas de mettre mon pif, euh pardon, mon nez dans la théière. C'est enivrant... En matière de Pu Er, c'est exactement ce genre de parfums que j'affectionne particulièrement.

Quant aux feuilles humides dans la théière chaude, on est sur des registres encore plus boisés et terreux : très très beau ! Grand moment de solitude... : comment ai-je pu ignorer l'existence d'un tel Pu Er depuis tant d'années ?... Honte à moi car il ne s'agissait ni plus, ni moins que du simple mépris à l'égard des cette famille de Pu Er que j'estimais minable. En fait, je n'ai jamais aimé les TC ( mis à part le TC n°8 de 1986 que beaucoup connaissent probablement) car ils ont mauvaise réputation et de plus, il est en général assez difficile de séparer les feuilles tellement elles sont compressées.

Quant à la dégustation proprement dite, elle s'est déroulée de façon classique, c'est à dire en Gong Fu Cha. On est toujours en présence de ces notes terreuses, de cuir ancien, de champignons, mais cette fois-ci en bouche. A celles-ci s'ajoutent des senteurs assez fruitées de noisette, de noix et aussi de pèche très mûre. Le tout est remarquablement moelleux, rond, gouleyant comme un vieux vin. Les infusions se succèdent à l'infini avec le même bonheur, sans aucune faiblesse et bien au-delà du 10 ème passage. Une très grande longueur en bouche qui persiste pendant des heures durant (évidemment à condition de ne rien manger après la fin de la dégustation, cela va de soit !).

C'est décidé lors de ma prochaine visite à la M3T, je m'achèterai quelques TC 78 en avance, car tous les bons Pu Er qui ont fait la réputation de cette maison disparaissent à vitesse grand V.