7 novembre 2007

Griserie de Novembre


Une bien triste journée de repos aujourd'hui : temps gris, peu de lumière, pluie, feuilles mortes tapissant les sols. Une colonie de corbeaux squattent même les arbres d'en face depuis quelques jours. Bref, on est en novembre ! En même temps, ce type d'ambiance n'est pas pour me déplaire.

Aussi n'avais-je pas vraiment envie de me lancer dans une dégustation prestigieuse mais à défaut, je me suis rabattu sur une galette quasiment oubliée : la n°14 de 1996 qui errait parmi mes belles galettes des années 80. A vrai dire, je ne me souvenais presque plus que j'avais cette référence en stock, c'est dire que le souvenir laissé par ce Pu Er acheté à la M3T était bien éphémère !

Et pourtant, cette galette modeste (même son prix l'était...) a bel et bien évolué de manière positive. La précédente dégustation doit remonter à bien des années. En relisant mes notes de l'époque, je la trouvais intéressante mais guère plus. Elle me parut surtout assez agressive avec des parfums trop tranchés et peu subtils, limite amers. C'est probablement pour cette dernière raison que j'avais quelque peu négligé cette brave galette.

Or cette amertume, un peu désagréable, s'est métamorphosée en quelque chose de bien rond qui rajoute beaucoup de gras à l'ensemble. Les parfums ne sont plus noyés comme auparavant mais se distinguent parfaitement. La jeunesse est toujours présente mais une espèce de maturité de mi-parcours vient emboîter le pas. Franchement, je suis surpris de cette évolution !


Alors que dois-je en conclure ? Est-ce dû à la qualité intrinsèque de ce Pu Er ou à la qualité de son stockage chez moi (en toute modestie bien-sûr...) ? La question mérite franchement d'être posée car au départ ce Pu Er ne semblait pas appartenir à la famille des très grands crus, cette race de seigneurs qui a pour destin de vieillir tranquillement et de se bonifier pour devenir une légende. Non, il s'agit en fait d'une galette de consommation courante, banale. Probablement un mélange de différentes provenances.

Si cette amélioration est liée au stockage, j'en serais étonné mais infiniment ravi !!! Vous imaginez un peu ce que pourrait donner dans quelques années certaines références comme la 1998 n°31 ou la 1999 n°30 ?... Un bonheur que je n'ose à peine espérer.

Néanmoins, pour sa réussite, ce Pu Er nécessite d'après moi une théière qui monte très haut en température et surtout pas un Zhong qui réveillerait à tous les coups cette amertume apaisée. J'ai utilisé ma Yixing en "terre épuisée" de 12 cl à parois très épaisses qui maintient si bien (et si longtemps) la chaleur.

Certains aspects de ce thé m'ont immédiatement rappelé le très joli vrac n°23 de 1997 que beaucoup apprécient à juste titre, moi le premier. Je pense ne pas trop me tromper en prétendant que les caractéristiques communes à ces deux Pu Er sont les suivantes : notes fruitées, un rien camphrées et une belle fraîcheur évoquant un peu l'amande encore jeune.

Finalement une journée bien moins grise et bien plus joyeuse que prévue !