11 février 2009

Retour à la terre



Ce retour récent à ces thés aux notes plutôt fraîches et fleuries, fruitées et miellées m'ont réellement enthousiasmé. Mon palais était préparé, semblerait-il, à accueillir à nouveau ces parfums mis en veille depuis des années. Or, suite à cette cure intensive de Wulongs, il est intéressant immédiatement après de se frotter à nouveau à certains Pu Er ayant des accents très terreux. Provoquer un choc à son palais, voilà un phénomène passionnant !

Eh oui, il s'agit d'une expérience très enrichissante car les notes sombres de terre, de tourbe ou de racine se situent bien aux antipodes de ces notes ensoleillées d'agrumes propres aux Dan Cong ou de Lilas caractérisant les Anxi Tie Guan Yin. J'imagine que le fait de réhabituer ainsi son palais de manière intensive à ces notes fraîches permet d'acquérir par la suite une approche améliorée de ces Pu Er mûrs ou cuits (de qualité). L'expérience est bien moins convaincante avec les Shengs, surtout s'ils sont très jeunes. Logique, on retrouve quelques similitudes aromatiques entre ces Pu Er crus et un grand nombre de Wulongs



En dégustation aujourd'hui : l'excellent vrac n°28 de 1998. Un petit Pu Er simple, sans prétention et pas cher du tout mais très agréable en bouche. Avant cette courte période consacrée aux Wulongs, le n°28 me semblait fort agréable mais sans grand relief. Or en le réessayant maintenant, les notes de terre humide et de racine le caractérisant sont beaucoup plus affirmées et le thé semble apparaître en 3D (vous savez comme avec ces fameuses lunettes qui permettent de voir certains films en relief). Le palais s'étant habitué à de nouvelles saveurs radicalement opposées, ce dernier arrive désormais à mettre bien mieux en valeur ces notes terreuses souvent superficielles et monotones. Le changement est important car la perception de la terre est différente, comme enrichie de notes de champignon, de tourbe, de végétaux, d'écorces, de bois et occasionne bien plus de richesse aromatique à ces Pu Er souvent assez simples dans leur perception.

Essayez par vous-même, durant quelques semaines ne buvez plus rien d'autre que des Wulongs puis revenez brutalement et d'un seul coup à un Pu Er de ce type, vous verrez, il vous semblera radicalement différent et surtout plus riche en goût. Il est intéressant de tenter encore une autre expérience : si vous avez le temps, buvez à la suite plusieurs Wulongs peu fermentés dans la même journée puis finissez votre soirée avec un Pu Er très sombre, je vous assure que l'effet sera encore plus saisissant.

Voici mes références préférées du moment qui sont encore disponibles et surtout "abordables" : vrac 1993/30, vrac 1983/16, vrac 1998/28 et Liu Bao Sha 1958. Tous ont cette dominante de terre et de racine.

Pourquoi une photo de jarre ? Parce que je pense que la matière dans laquelle est fabriqué cet objet est particulièrement en accord avec ces Pu Er qui sentent la terre. Selon moi, ces thés vieilliront bien mieux en jarre. La mienne est remplie de vrac 1992/15... Et je constate déjà une évolution merveilleuse, à peine en 6 mois !