30 mars 2007

Rétro Pu Er


Une vue partielle de mes Pu Er. Une photo artificiellement vieillie comme peuvent l'être certains de ces pseudo-Pu Er de 20 ans d'âge vendus moins de 15 € la galette de 350g chez certains "spécialistes"... Heum, heum !

Une ambiance rétro, style "belle époque" qui me fait soudainement rêver : en effet, je m'imagine trouver un jour un coffre qui dort depuis 80 ans dans un quelconque grenier, rempli de galettes et briques, comme on découvre parfois, au détour d'un tiroir, une photo jaunie un peu dans ce style-là.

Représentez-vous juste un instant la scène : on ouvre le coffre poussiéreux et là, surprise, des galettes de 1929, des carrés de 1920, des tuo cha de 1936, du vrac 1915, etc... Que ce serait passionnant. Ne serait-ce que d'y goûter une seule fois dans sa vie. Des Pu Er âgés de presque un siècle; quel bouleversement pour nos palais. Nos galettes des années 80-90 sembleraient probablement pitoyables à côté. Quant aux Pu Er des années 2000, par pudeur, je n'en parle même pas !!

Comme quoi, il y a toujours matière à relativiser dans le monde complexe des Pu Er.

Sauf erreur de ma part, il me semble que la carte de la M3T proposait, il y a quelque temps, une sélection de Pu Er datant du début XXe siècle. Je n'ai pas rêvé, je me souviens d'un Pu Er de 1901 et même d'un autre de 1890 mais je n'en suis plus très sûr. Figurent-ils sur la fameuse carte secrète proposée à certains privilégiés ? Jeancarmet, Raphaël et compagnie sauront sûrement me répondre...

Enfin quoiqu'il en soit, il semblerait que ce coffre imaginaire ait été découvert avant moi. Grrrrr, j'enrage !

28 mars 2007

Joy Division


Après Saddam, voici que nos théières sont elles aussi, confrontées à la corde fatale...

Outre l'aspect esthétique de la petite cordelette sur certaines théières, à quoi peut bien servir ce sympathique bout de ficelle qui relie le couvercle à l'anse ? Et est-il finalement nécessaire de le conserver ?

Pour commencer, on aime ou on n'aime pas. Au départ de mon aventure dans le thé chinois, je trouvais cette petite cordelette charmante. Sur les premières théières que j'avais achetées, je demandais systématiquement la pose de cet accessoire. Notez que les théières d'entrée de gamme de la M3T en sont toutes équipées d'office.

Mais par la suite, je commençais à me lasser de ce bout de fil qui s'avérait bien inutile et même carrément dangereux...

Il faut savoir qu'une cordelette peut être utile pour deux raisons : premièrement quand on verse le contenu de la théière dans la tasse ou dans le pot de réserve, elle permet de maintenir avec son doigt le couvercle fermé sans se brûler. Il faut reconnaître que c'est très pratique. Deuxièmement, lors du rinçage de la théière, le couvercle reste solidaire et ne risque pas de tomber puis de se casser dans l'évier en cas de faux mouvement.

Hélas, c'est surtout ce dernier point qui finit à terme par poser problème. Comme il est impossible de détacher le couvercle de sa base, les chocs de celui-ci avec la théière, pendant le nettoyage sous l'eau, sont très fréquents. Un accident est tellement vite arrivé. D'ailleurs il est à souligner que la plupart des théières équipées d'une cordelette que j'ai pu avoir en main, ont presque toutes un ou plusieurs petits éclats au niveau du couvercle.

Pour finir, je trouve qu'une cordelette défigure les lignes simples et pures de certaines très belles théières, comme les "terres épuisées" ou les taïwanaises de potier. Tant est si bien que j'ai décidé un beau jour de couper ce fil sur presque toutes mes théières excepté sur celle en photo. Il s'agit là de ma première théière à Gong Fu Cha achetée il y a bien longtemps à la M3T. Le modèle d'entrée de gamme; excellent de surcroît et particulièrement adéquat pour débuter. J'ai fait mes classes avec cette fidèle théière !

Sur ce modèle, la cordelette apporte un petit plus, esthétiquement parlant. La couleur brune du fil se démarquant si joliment du noir de la théière. Mais ça n'a pas loupé, suite aux nombreux rinçages du matériel, de très légers éclats ont fini par apparaître sous le couvercle, heureusement sans gravité. Je conserve cette cordelette plus par nostalgie qu'autre chose !

Alors osons tous couper le cordon ombilical de nos théières, ne serait-ce que pour s'émanciper et par conséquent pour progresser sur la voie du thé... Enfin d'un point de vue nettement moins allégorique, surtout pour protéger nos théières !!!

26 mars 2007

Maya l'abeille


En dégustation aujourd'hui : un Baozhong "miel" 2006 de la sélection de Tea Masters.

Ce Baozhong traditionnel de Taïwan, est à peine fermenté. Il est très vert et se rapproche par conséquent un peu des thés verts chinois. Ce Wulong se caractérise par une torréfaction très légère : à peine 10%. Les feuilles sont belles et assez grandes comme la plupart des Baozhong.

J'ai préparé ce thé dans ma Yixing en "terre épuisée" de 15 cl dont je vous ai parlé la fois précédente. Un dosage classique : 6 grammes en Gong Fu Cha. Les quatre premières infusions sont très courtes : 5 secondes. Les suivantes bien plus longues, jusqu'à 1 à 2 minutes pour les dernières.


Tout au long de la dégustation, ce Baozhong reste très doux et étonnamment rond. Les gorgées sont fraîches et sucrées. L'ensemble est tout à la fois fleuri et fruité. On est bien loin du côté un peu sombre et énigmatique des thés de rochers, on se situe plutôt sur des notes de tête, franches et sans complexes.

Après un départ très fleuri, ce Baozhong progresse petit à petit vers quelque chose de plus fruité. A partir du 4e passage, j'ai l'impression de sentir le melon frais mélangé à quelques rappels de fruits exotiques. En outre, il est exemplaire de régularité et d'équilibre : le côté soyeux est omniprésent sans faiblir un seul instant.

Ce Baozhong est finalement plus complexe qu'il n'y paraît de prime abord dans la mesure où viennent s'ajouter subtilement à ces notes fruitées, des parfums de beurre breton (coucou Lionel !) et surtout de miel d'acacia.

Pour l'anecdote, si on oublie son thé dans la tasse, même frais, ce Baozhong se boit sans aucun problème !

On ne s'ennuie pas un seul instant avec ce thé, ça s'agite dans tous les sens, un peu comme dans une communauté d'abeilles; bzzzzzz !

24 mars 2007

Yixing Baozhong


Voici l'une des rares théières dont je n'ai encore jamais parlé. Il s'agit une fois de plus d'une vénérable Yixing ancienne en "terre épuisée". Elle provient également de la collection personnelle de Jeancarmet du blog Pu Erh & Yixing. Merci à lui de me l'avoir cédée !

Comme celle consacrée aux thés de rochers, cette théière aux parois très épaisses est relativement lourde et monte très haut en température. Sa contenance est de 15 cl, ce qui convient à merveille aux Baozhong, variété de Wulongs aux très grandes feuilles qui nécessitent beaucoup d'espace pour se déployer. La relative grande capacité de cette Yixing permet de bien aérer les feuilles, ce qui aura pour action de libérer beaucoup plus facilement les parfums.


La particularité de cette Yixing est sa capacité d'arrondir les infusions et de maintenir très longtemps les feuilles au chaud. Les attaques franches de certains Wulongs de cette famille sont considérablement adoucies. Le thé est souple, doux, moelleux. Les parfums très verts et fruités des Baozhong ont beaucoup de relief. La terre est si dure que les infusions se rapprochent un peu de celles effectuées dans un Zhong en porcelaine. La liqueur a du corps et semble très aérée, un peu comme si la théière n'existait pas. Une bien belle transparence en somme !


La forme de cette "terre épuisée" est très classique. En y regardant de plus près, on constate de nombreuses aspérités et pas mal d'irrégularité dans sa conception; une preuve qu'elle a probablement été fabriquée à la main par un potier.


Même si je l'utilise moins fréquemment que mes théières à Pu Er, je la redécouvre chaque fois avec le même plaisir ! Une théière qui donne envie de commander prochainement les Baozhongs de printemps... Vivement la nouvelle récolte !

21 mars 2007

Surcharge pondérale


Nous avons tous tendance à sous-doser la quantité de thé que l'on s'apprête à infuser. Au regard de l'explosion actuelle des prix des Pu Er, je dirais que cette attitude est plutôt logique.

Malheureusement ce réflexe peut s'avérer finalement beaucoup plus coûteux que prévu. Je m'explique : si le dosage est trop faible, le thé sera forcément trop léger donc peu expressif. Qu'il soit préparé en Gong Fu Cha ou de manière classique.

Celui qui dégustera son Pu Er ou son Wulong avec un dosage rachitique aura l'impression de boire quelque chose de fade, d'aqueux, de peu présent. Résultat : il incriminera le thé, le marchand qui le lui a vendu. Il traitera tout le monde de voleur, d'escroc, etc... Conséquences : au mieux, le contenu de la théière sera jeté et une seconde tentative sera envisagée. Au pire, toute la boite sera mise à la poubelle, car le thé sera jugé un peu hâtivement trop vieux, ce qui n'est pas nécessairement toujours le cas (surtout avec les Pu bien-sûr). Sacrées économies, n'est-ce-pas ?

Or si le dosage est respecté, voire même largement dépassé, il y a peu de risque de louper une dégustation. En effet, en surdosant et en pratiquant des infusions très brèves, le thé s'exprimera de façon éclatante. Et c'est à ce niveau-là que réside la réelle économie.

Un dosage généreux = un Gong Fu Cha réussi = économies. C'est tout simple !

La joie d'une dégustation parfaitement maîtrisée se suffit à elle-même... On oublie les petits comptes d'apothicaire. L'envie de suspendre le temps et rien d'autre...

Soyez donc généreux dans vos dosages et faites "péter" la balance !!


Petit rappel rapide du dosage optimal pour les thés chinois :

Pu Er "cuit" : 4 à 6 g / 10 cl
Pu Er "cru" : 2 à 4 g / 10 cl
Wulong : 6 g / 10 cl
Vert : 2 g / 10 cl
Rouge : 3 g / 40 cl

19 mars 2007

Vive les eighties !


Rrraaaaaahhhh, je revis !

Après ces escapades en demi-teinte avec les Pu Er ultra jeunes, j'avais envie de faire un saut dans le temps à la rencontre de vieux sages, calmes, posés, emplis de sérénité qui m'ont donné jadis le goût des Pu Er. Il fallait que je me sécurise, que je retrouve certains repères, mes racines...

Ce retour aux sources m'a fait le plus grand bien. C'est étonnant car j'ai rarement autant apprécié cette galette n°19 de 1980 (M3T). Un peu comme si mon palais s'était perdu avec des notes auxquelles il n'était pas habitué et qui retrouve des parfums où il se sent tellement à l'aise.

Mais que c'est bon ! Déjà l'état du papier qui enveloppe la galette évoque l'ancien : il est troué, jauni, des tâches brunes apparaissent un peu partout. Une ambiance s'installe peu à peu et annonce probablement une belle dégustation à venir.

La dégustation ? Classique, en Gong Fu Cha, 3,5 g dans une Yixing de 11 cl. Pour l'occasion, j'ai remplacé la cartouche Brita par une toute neuve.

Alors qu'auparavant avec cette galette, je n'arrivais pas vraiment à apprécier les trois premières infusions, cette fois-ci, dès la première tasse je décolle !! Voilà, nous y sommes, pour moi un Pu Er doit ressembler plus ou moins à ça. Et toutes ces galettes âgées juste de quelques années devront s'en rapprocher le plus possible dans 27 ans ! C'est bien pour cela, qu'elles ne représentent en l'état qu'un intérêt très limité à mes yeux.


Que c'est gourmand, rond, plein. Une explosion de parfums comme les champignons, les odeurs humides de forêt, le camphre doux ou encore la pêche de vigne... Et que dire de ces notes de cire d'abeille évoquant les meubles anciens, vous savez ce genre d'odeur omniprésente dans certains musées; il n'y a rien à dire en fait, on ferme les yeux et on rêve d'une vie de château la tasse à la main !

Lors des premières infusions, une pointe d'amertume risque de perturber un peu les palais trop sensibles, mais ce n'est qu'un détail bien vite oublié. Un souvenir piquant de jeunesse probablement !

Néanmoins, ce léger déséquilibre de départ, se stabilise remarquablement bien vers les 4e-5e infusions. A partir de ce moment-là, on oublie tous ces petits défauts et la dégustation se prolonge presque à l'infini. C'est magnifique. Dire qu'avec ma nouvelle galette de 2003 je commençais déjà à m'ennuyer au bout de 10 minutes; avec celle-ci, la conversation ne faiblit pas un instant, elle dure, elle se prolonge. On est sur la même longueur d'onde... Je crois que c'est dans la poche ;-))

Il me vient soudainement une idée, désormais avant d'attaquer certaines vieilles galettes prestigieuses, telle que la 1985 n°11 ou d'autres de ce gabarit, je boirai la veille un jeune Pu Er un peu trop vert qui aura le don de m'agacer parce que je n'aime pas ça... Puis le lendemain, de mauvaise humeur, j'attaque la "vieillerie" avec une joie si grande que même les Pu Er médiocres des années 80 me paraîtront exceptionnels !

J'ai comme l'impression que les Pu Er trop jeunes ne servent finalement qu'à mettre en valeur les plus vieux. Un rôle taillé sur mesure étant donné que ces thés de quelques années n'arriveront jamais à vieillir dans nos appartements, ça me semble totalement utopique et particulièrement naïf d'y croire (ça y est, je vais encore me faire des ennemis) !

17 mars 2007

Rochers


Pour tester ma nouvelle théière pour les thés de rochers dont je vous ai parlé, j'ai utilisé quelques Shui Xian de Tea Masters et un Da Hong Pao n°4 de la M3T.

Je reconnais avoir sensiblement préféré les Shui Xian au Da Hong Pao car ils me semblaient clairement plus expressifs.

Voici ceux qui m'ont particulièrement marqué :

Shui Xian Wu Yi de 1992
Shui Xian Wu Yi de 1997
Shui Xian Wu Yi Shan de 2005

Je vous livre quelques impressions gustatives générales. En vrac : noix, chocolat, café, odeurs forestières très boisées, odeurs d'alcool (kirsch), caramel, cassonade, miel, clou de girofle, etc, etc, ... Bref que notes très chaudes.

Ces thés emplissent rapidement le palais et tendent même à devenir enivrant à la longue. La sueur risque peut-être bien de perler discrètement sur le front au détour d'une gorgée. Le côté chaleureux des thés de rochers inspire confiance, remonte le moral et représente un atout que n'ont pas les autres Wulongs : la longévité. En effet, ils se conservent de nombreuses années, à l'instar des Pu Er.

Quant au Da Hong Pao 4, on est sur les mêmes registres mais en nettement moins affirmés. Laissons lui tout de même le bénéfice du doute car il s'agissait en réalité des derniers 6 grammes perdus dans un fond de boîte. Sûrement pas suffisamment représentatifs du potentiel de ce célèbre Wulong de la Place Monge.

C'est décidé, à l'avenir en matière de Wulongs, je m'orienterai essentiellement vers les rochers; surtout depuis que ma nouvelle Yixing les traite de façon magistrale. J'ai l'impression que cette famille de thé se rapproche le plus des Pu Er; ceci expliquant peut-être cela !

15 mars 2007

A vos rangs, fixe !


Pour oublier le fait qu'un chiffre est venu s'ajouter aujourd'hui à mon compteur (qui défile de plus en plus hélas), j'ai organisé une petite fête avec mes amies Yixing et Taïwanaises. Les voilà presque au grand complet, fidèles au poste et toutes dévouées à mes caprices !!!

Ayant toutes des caractères bien trempés, j'ai réussi pour une fois à les réunir sagement, sans qu'elles s'étripent entre-elles; chacune voulant forcément être la plus belle.

Depuis qu'elles passent régulièrement sur "La Galette de Thé", elles ont pris la grosse tête ! Figurez-vous qu'elles se prennent désormais pour des stars. Eh oui, si c'est pas malheureux tout ça... ! Elles s'imaginent célèbres et connues dans le monde entier... !!! Quelle touchante naïveté.

Alors bien évidemment, elles deviennent capricieuses, elles ne se prêtent guère à cet exercice de style. Mais plus futé qu'un vulgaire bout de terre, j'ai réussi à les bluffer en leur promettant monts et merveilles, histoire de les mâter et de les maintenir alignées.

Et voilà, clic, clac, une petite photo souvenir pour vous tous, chers lecteurs.

Suite à ces quelques poses photos, on a fait péter le champagne ! Elles ont fini bourrées; quand je pense que je les ai culottées patiemment, avec amour, durant des mois et des mois et elles finissent complètement imbibées d'alcool... Quelle déchéance.

Tout une éducation à refaire !

N/B : ce sont en fait toutes mes théières en "terre épuisée" et taïwanaises de potier que vous voyez sur cette photo

14 mars 2007

Une douceur bien amère


Mouais...

Je sens que ça ne va pas être facile de m'adapter rapidement aux jeunes Pu Er dans le futur.

J'ai testé ce matin ma nouvelle galette n°42 de 2003. Pas évident de donner à chaud mes impressions, mais je vous les livre quand-même.

A première vue, je n'aime pas trop. Ca m'inquiète...

La dégustation : 4 grammes en Yixing de 12 cl. Les premières infusions ne sont pas agressives, tant mieux, c'est déjà ça ! Beaucoup de douceur, de rondeur surtout. On retrouve effectivement un aspect huileux en bouche très pénétrant.

Les parfums sont marqués. Une belle longueur en bouche. Aucune odeur de fumée, heureusement car elle est souvent présente avec les Pu Er très jeunes. Quelques agréables notes de cire ou d'eucalyptus (mais vraiment très léger) mais je m'attendais, pour être sincère, à quelque chose de bien plus complexe pour une galette si prestigieuse.


Hélas, je n'ai pas l'impression que cette galette se différencie énormément des jeunes Pu Er que j'ai déjà pu goûter à droite et à gauche. Ces notes caractéristiques des Pu Er de moins de 10 ans m'ont toujours gêné, à quelques exceptions près. On les retrouve pleinement ici. Rien à faire, j'ai du mal.

OK les feuilles sont belles, le travail en amont concernant la fabrication de cette galette est sûrement magnifique, je ne reviens pas la-dessus mais le problème initial reste inchangé : le prix est-il justifié alors qu'il y a encore peu de temps il était possible de s'offrir des galettes de 25 ans d'âge pour la même somme et qui me procuraient bien plus de plaisir (ex. 1983 (19), 1987 (10) dans la même gamme de prix, à quelques euros près).


Une galette assurément sublime dans 20 ans, mais aujourd'hui, bof....

Je crains qu'il faille effectivement entièrement reconsidérer à l'avenir son approche des Pu Er. Reformer son palais à d'autres goûts me semble incontournable ou sinon, abandonner.

Je ne tire aucune conclusion hâtive, chacun devra se forger sa propre opinion.

Mais il me reste un goût bien amer malgré la douceur de cette galette !!

13 mars 2007

Reine d'un jour




La voici, la voilà, la fameuse galette n°42 de 2003.

Je l'ai reçue hier par la poste. Je n'ai pas encore eu le temps de la goûter, mais tout ceci me semble très prometteur... Les feuilles sèches ont une odeur très sucrée, de miel, un peu comme le tabac hollandais pour la pipe. Je ne manquerai pas de partager avec vous mes impressions de dégustation très prochainement.

Cette galette fait partie des nouveautés de la Maison des Trois Thés. Elle est constituée de feuilles provenant de théiers millénaires de la région de Yi Wu (Chine). Il est à noter que cette galette est numérotée.

A bientôt pour la suite...

12 mars 2007

Théière des cimes


Voici ma toute nouvelle théière en "terre épuisée" ayant appartenu auparavant à Christophe, allias Jeancarmet, auteur du blog Pu-Erh & Yixing.

Cette splendide théière est destinée à être utilisée avec les thés de rochers, une catégorie particulière de Wulongs chinois provenant de la région du Fujian. Les plus connus de ces thés sont les Da Hong Pao, Shui Xian ou encore les Wu Yi Rou Gui.

Ces thés fortement fermentés, fort agréables à boire, sont très différents des Wulongs plus classiques et moins fermentés, tels que les Tie Guan Yin, Gao Shan, ... qui sont beaucoup plus verts et surtout plus fleuris.


Les thés de rochers sont bien plus boisés, avec des parfums très marqués comme par exemple des notes pâtissières (caramel, cassonade,...) ou de fruits secs. J'affectionne de plus en plus ce type de thé, c'est pour cela que j'ai décidé de saisir l'occasion pour m'offrir ce bijou.

Les thés de rochers testés dans cette Yixing ancienne ressortent de façon prodigieuse. Cette petite merveille de 11 cl monte très très haut en température, grâce à une qualité de terre hors-pair. Cet apport calorifique est extrêmement important avec ce type de thé fortement torréfié. Les arômes ne se développent qu'à très haute température (environ 100°). Les attaques sont franches avec un étagement des parfums très précis. On arrive précisément à distinguer toute la palette aromatique sans aucune saturation ni interférence des parfums entre-eux. C'est d'une précision étonnante.

La facture de cette théière est très belle. Les lignes sont pures, simples, élégantes. Les parois relativement épaisses ce qui contribue à maintenir très longtemps les feuilles au chaud.

Une théière splendide, une de plus me direz-vous ? Oui c'est vrai, mais elle passe directement dans le peloton de tête parmi toutes mes théières !

Appel général : quelqu'un pourrait-il me traduire les quelques mots chinois gravés sous la théière ? Merci.

9 mars 2007

Du bon, du vieux, du costaud


L'heure est à la mode aux Pu Er de moins de 5 ans, fougueux, à la jeunesse insolente....; bon soit. Aussi avais-je envie de vous parler plutôt de vieilles feuilles, de Pu Er bien mûr, de goût boisé, de terre humide, etc ... Bref du classique, du traditionnel. J'aime tant ça ! Ca doit être lié à mon côté un peu réac !!!

C'est un peu par hasard que j'ai découvert très récemment un petit bijou, une valeur sûre de la M3T paraît-il : le Tuo Cha Feng Huang n°7 de 1978.

Il s'agit d'un Tuo Cha (TC) très viril qui en a dans le ventre : du costaud. Mme Tseng l'avait personnellement conseillé à l'un de mes amis lors de son séjour à Paris. A son retour, il s'est empressé de me le faire goûter chez lui (thanks Alexandre ! ). Je me souviens encore très bien de ce moment. Moi qui avait un à priori énorme à l'égard des TC, je trouvais celui-ci vraiment délicieux et très gourmand. J'avais du mal à croire qu'il s'agissait d'un petit TC de 100 g qui ne payait absolument pas de mine ! C'est à partir de ce jour-là, que je m'étais définitivement réconcilié avec la famille des TC.

Eh oui, surprise, la qualité est au rendez-vous. Oh même bien au delà, c'est du très grand matos ! D'ailleurs les délicieuses odeurs sucrées et terreuses qui s'échappent subrepticement du papier enveloppant le TC, nous mettent vite la puce à l'oreille. Au fur et à mesure que l'on déballe ce Pu Er en forme de nid, les parfums s'intensifient et viennent chatouiller les narines. C'est doux, c'est sucré... C'est prometteur.

Les dégustations se sont faites en terre épuisée de 10 cl et en taïwanaise de 6 cl. Dans les deux théières, le TC se comporte brillamment. La première chose qui frappe c'est l'odeur des feuilles sèches dans la théière vide brûlante. On est dans la continuité des odeurs repérées au déballage du TC mais en plus intenses. C'est magnifique : cuir ancien, livres anciens, terre humide, liège. Je ne me lasse pas de mettre mon pif, euh pardon, mon nez dans la théière. C'est enivrant... En matière de Pu Er, c'est exactement ce genre de parfums que j'affectionne particulièrement.

Quant aux feuilles humides dans la théière chaude, on est sur des registres encore plus boisés et terreux : très très beau ! Grand moment de solitude... : comment ai-je pu ignorer l'existence d'un tel Pu Er depuis tant d'années ?... Honte à moi car il ne s'agissait ni plus, ni moins que du simple mépris à l'égard des cette famille de Pu Er que j'estimais minable. En fait, je n'ai jamais aimé les TC ( mis à part le TC n°8 de 1986 que beaucoup connaissent probablement) car ils ont mauvaise réputation et de plus, il est en général assez difficile de séparer les feuilles tellement elles sont compressées.

Quant à la dégustation proprement dite, elle s'est déroulée de façon classique, c'est à dire en Gong Fu Cha. On est toujours en présence de ces notes terreuses, de cuir ancien, de champignons, mais cette fois-ci en bouche. A celles-ci s'ajoutent des senteurs assez fruitées de noisette, de noix et aussi de pèche très mûre. Le tout est remarquablement moelleux, rond, gouleyant comme un vieux vin. Les infusions se succèdent à l'infini avec le même bonheur, sans aucune faiblesse et bien au-delà du 10 ème passage. Une très grande longueur en bouche qui persiste pendant des heures durant (évidemment à condition de ne rien manger après la fin de la dégustation, cela va de soit !).

C'est décidé lors de ma prochaine visite à la M3T, je m'achèterai quelques TC 78 en avance, car tous les bons Pu Er qui ont fait la réputation de cette maison disparaissent à vitesse grand V.

6 mars 2007

Sainte Sophie, priez pour nous


En ce temps de Carême, un vrai miracle a eu lieu ! En effet, Sophie de Lannion a réussi à ressusciter le Pu Er en vrac n°15 de 1992 disparu récemment, de façon tragique, des cartes de la M3T. Ce n'est pas moins de 500 grammes qu'elle a fait apparaître de ses petits doigts divins rien que pour moi... Ces précieuses reliques reposent désormais dans ma petite jarre en terre cuite.


Nul n'est sans savoir que cet excellent Pu Er est définitivement épuisé, victime de son succès, au plus grand désespoir de nombreux amateurs dont je faisais parti. Depuis, à ma connaissance, il n'y eut aucune alternative sérieuse à ce Pu Er ni à la M3T, ni ailleurs (en rapport qualité/prix).

En vérité, Sophie disposait de quelques kilos de ce précieux thé qu'elle avait acheté autrefois à la M3T pour sa petite boutique bretonne. Ses jarres à Pu Er étant visiblement encore bien garnies, elle me proposa aimablement de m'en revendre un peu, histoire de soulager ma tristesse de me retrouver désormais sans mon petit vrac 1992 auquel j'étais si attaché !!! Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours été très en phase avec ce thé. Il a sûrement bien des défauts, mais je le trouve admirablement bien équilibré avec des arômes boisés soutenus.

Chère Sophie, je te remercie de m'avoir vendu un peu de ce qui s'apparente désormais à un collector ;-))

Dernière minute : selon Jeancarmet de Pu Erh & Yixing, il serait toutefois toujours possible de s'en procurer, mais en quantités très limitées, à la Maison du Whisky de Paris. A bon entendeur donc...

2 mars 2007

100% vitaminé !


Toutes ces discussions récentes autour des jeunes Pu Er m'ont donné envie de tester la galette n°28 de 2004 commandée en décembre dernier à la M3T. Cette galette est d'emblée originale de par sa forme. En effet, il s'agit d'une petite galette de 150 grammes. La plupart des galettes pèsent 350 grammes et sont forcément bien plus grandes. Du coup, je la trouve tout de suite mignonne ! De plus, son prix est vraiment raisonnable : à peine plus de 20 €. Voilà le prix maximum que je ne dépasserai jamais pour du jeune Pu Er (soit 40 € environ pour une galette de taille normale).

Une autre particularité m'interpelle : on aperçoit à la surface de la galette un petit bout de cordon rouge qui est vaguement coincé entre les feuilles. Quelqu'un parmi vous connaîtrait-il la signification de ce bout de tissu ? Serait-ce une espèce de label de qualité, genre "Label Rouge" ?!


Les feuilles me semblent assez belles et se détachent relativement facilement. J'ai préparé ce thé dans ma petite théière taïwanaise de potier qui est très à l'aise avec ce type de Pu Er.

L'infusion est claire et limpide. L'ensemble est très sucré en bouche. Beaucoup de rondeur et absence totale d'amertume. Tant mieux, car ce côté astringent est hélas fréquent avec les Pu Er très jeunes et je déteste ça !

Première impression : ça sent les fruits jaunes : abricot provençal, pêche jaune qui a mûri longtemps au soleil ! J'ai l'impression d'avoir pressé des fruits frais. Je ferme les yeux, j'oublie que je suis entrain de boire un thé et me voilà entrain de boire un vrai jus de fruit vitaminé ! Les amateurs de Wulongs devraient apprécier cette petite galette car son aspect très fruité rappelle sans aucun doute la famille des bleu-verts.

Une belle longueur en bouche et des infusions nombreuses qui tiennent la route rendent ce Gong Fu Cha fort agréable. Je n'ai pas vraiment rencontré de baisse de régime, même sur la fin.

En conclusion : un jeune Pu Er très joli, agréablement fruité et plaisant à boire de suite sans attendre un quelconque vieillissement. Une approche rafraîchissante des jeunes Pu Er encore verts. Très désaltérant, il sera sûrement intéressant de le boire en été... En quelque sorte un "best buy" que je vous conseille fortement.

Une question subsiste néanmoins : est-ce prudent et bien utile de m'aventurer plus loin en me laisser tenter, par exemple, par les nouvelles galettes et Tuo Cha de la M3T à peines sorties de leur pouponnière, sûrement de très haute qualité certes, mais coûtant le double, voire le triple ? Depuis quelques jours, les Tuo Cha n°16 de 2002 et n°17 de 2003 dont Jeancarmet parle sur son blog m'attirent fortement. Mais que vont-ils me rapporter de plus ? Le plaisir sera-t-il lui aussi exponentiel ? Rien n'est moins sûr... D'où mon extrême prudence à franchir le pas et ma méfiance naturelle à l'égard des "jeunettes" et "jeunots" !