27 août 2008

Galerie de Théières #1

Plusieurs d'entre-vous m'ont demandé de leur envoyer des photos de ma collection de théières. Pour en faire profiter tout le monde, j'ai décidé de le faire sous forme de galerie présentant à chaque fois deux modèles. Je commenterai très peu ces théières car je ne dispose finalement que de très peu d'informations. Mais n'hésitez pas à me faire part de vos impressions (notamment de la part de ceux qui les ont connues avant moi... ) ainsi que des éventuelles traductions des sceaux (ou signatures) pour ceux qui savent lire le chinois, et je sais qu'ils sont nombreux... !

IMPORTANT
: j'ai changé d'adresse e-mail. Il paraîtrait que l'ancienne posait certains problèmes d'après ce qu'il m'a été relaté. Si vous avez essayé de me contacter récemment sans succès, vous pouvez désormais le faire, si vous le désirez, en utilisant cette adresse : 

galethe@gmail.com



Enjoy...


YIXING TERRE ÉPUISÉE (Chine) 20 CL - Maison des Trois Thés

Pour les vieux Pu Er mûrs ou les cuits (shu). Terre orangée magnifique, granuleuse et très poreuse. Etonnamment légère par rapport à ses dimensions. Beaucoup de présence, de transparence et de finesse. Une théière un rien "poétique" qui magnifie les infusions selon ses états d'âme ! J'utilise cette théière en infusion longue et non en Gong Fu Cha.






YIXING TERRE ÉPUISÉE (Chine) 12 CL - Maison des Trois Thés

Pour toutes les sortes de Pu Er. Initialement utilisée avec les thés de Rochers. Terre grasse, lisse et très dense. Monte très haut en température. Lourde. Parois épaisses. Procure des infusions très riches avec des parfums très affirmés (les feuilles se déploient entièrement du fait de sa capacité à maintenir longtemps l'eau à des températures élevées). Assez analytique et précise à l'instar des théières taïwanaises de potier.




19 août 2008

BanZaï vs BonSaï

Petite digression. Pour une fois, je ne parlerai pas de thé mais d'une autre de mes passions : les bonsaï.

En réalité, je me contenterais de recopier un commentaire que j'ai laissé sous un article du blog Tea Masters. Dans son intervention, une personne avait orthographié (comme beaucoup de gens) le mot bonsaï de cette façon-là : bonzaï... Aïe... Sacrilège !!!


Voici mon commentaire :

Petite remarque sans grande importance (sauf pour les amateurs) : bonsaï s'écrit avec un S et surtout pas avec un Z... Ca fait carrément mal aux yeux quand on s'y intéresse un peu !! D'ailleurs pour l'anecdote, quand on se lance dans l'art du bonsaï, c'est la première des choses que l'on apprend dans les clubs. En général, ça rend fou les moniteurs de bonsaï quand ils aperçoivent dans les bouquins ou dans les magasins le mot écrit avec un Z; je trouve ça rigolo ;-)

Il m'a été répondu ceci :

Intéressante remarque, je ne savais pas du tout. Mais pourquoi dis tu ça fait carrément mal aux yeux quand on s'y intéresse un peu ? Ce S revêt-il une signification particulière ou est-ce simplement au même titre qu'un amoureux de la langue française aura mal aux yeux en lisant une faute d'orthographe ?

Ma réponse :

Je ne sais pas trop, disons que pour un oeil exercé à l'art du bonsaï, il y a quelque chose de visuellement négatif quand le mot est écrit avec un Z (le bonsaï est basé sur l'équilibre des vides et des pleins : par-exemple un vide important et bien dosé entre deux branches peut donner l'illusion de puissance à une partie de l'arbre jugée trop faible). De plus, le S de bonsaï évoque également un peu la forme la plus courante (appelée Moyogi) des bonsaï qui ressemble fortement à un S. Un Z a des angles impossibles à réaliser en bonsaï !

Autre chose, bonzaï fait immanquablement penser à "banzai", ce cri de mort des kamikazes japonais durant la seconde guerre mondiale !

Pourtant l'Académie Française orthographie ce mot avec un Z mais c'est absolument faux car le mot vient du chinois "pen-saï". En français, on prononce bonTsaï. Un Z ne sonne pas comme un S.

Autre curiosité, le pluriel de bonsaï ne prend jamais de S... allez savoir pourquoi !!! On écrit des bonsaï !

Voilà ;-)



Désolé pour le amateurs chevronnés de thé, je sais que ce sujet n'a rien à voir avec notre passion commune, ni de près ni de loin, mais je trouvais intéressant de vous faire partager cette petite anecdote. Ca change un peu pour une fois, d'autant plus qu'il est si rare que j'écrive quelques lignes sur ces charmants petits arbres; vous saurez donc me pardonner j'espère !

En photo (pas terrible, désolé, du vert sur fond vert, c'est pas top... ), pour pouvez apercevoir une partie de ma petite collection de bonsaï d'extérieur : acer palmatum seigen (érable du japon), pinus thunbergii (pin à deux aiguilles), pinus pentaphylla (pin blanc du Japon), ulmus chinensis (orme de Chine), juniperus (genévrier), picea abies (épicéa), ...

15 août 2008

Transsubstantiation


Il est étonnant de constater comme cette théière d'une dizaine de cl se comporte parfaitement bien avec les Pu Er cuits. Un peu comme si la couleur brune de la terre était en harmonie avec les reflets sombres de cette famille de Pu Er très particulière.


Je ne possède qu'une seule théière de cette couleur et de ce type de terre. Je n'ai aucun renseignement précis à son sujet. Néanmoins, certaines caractéristiques sautent aux yeux : la porosité de la terre qui semble moins dure que celle de mes autres théières, une montée rapide de la chaleur et une impression générale de mémorisation des précédentes infusions. En effet, elle semble bien réagir à l'alchimie du culotage. Les infusions ont beaucoup de relief et surtout de profondeur. Et chose très surprenante, la théière sèche libère constamment de discrètes notes de noisette qui témoignent des précédentes infusions. Sympa !


Revenons au thé. En règle générale, les Pu Er cuits (jeunes ou vieux) sont souvent moyens voire médiocres. Les parfums sont basiques : terre humide, cave, fruits secs, bois divers et variés allant de l'essence précieuse jusqu'au contreplaqué humide du cageot à poissons d'Ordralfabétix dans Astérix ! Hélas, ces odeurs pas franchement "top" caractérisent la quasi totalité des Pu Er en vracs vendus dans les magasins de thé généralistes.

Pour vous parler de cette théière, j'ai choisi la brique n°10 de 1983 que je connais bien. Dans toutes mes autres théières à Pu Er, je note ceci à son sujet : sucré, équilibré, notes de noisette, vieux bois, senteurs de tourbe... Bref du classique mais du bon ! Dans celle-ci, on retrouve bien évidemment les mêmes parfums mais ceux-ci sont comme transcendés. Ils prennent corps. Exemple : c'est la tourbe physiquement présente qui est en bouche et plus seulement une odeur l'évoquant. Il en est de même pour les fruits secs : on croque dans la noisette. C'est impressionnant. Mes "Yixing" rouges réagissent totalement différemment : beaucoup de profondeur mais pas de "présence réelle" des parfums. Les taïwanaises, quant à elles, se contentent brillamment d'analyser en restituant les odeurs de façon presque scientifiques. Alors pourquoi cette petite brune réagit-elle si bien ? Mystère...


Par-contre, cette théière présente un inconvénient majeur, elle n'est absolument pas intéressante avec les Pu Er crus, surtout les jeunes encore verts. Elle fonctionne visiblement uniquement avec les cuits ou éventuellement avec certains crus très mûrs (donc de plus de 30 ans). Par ailleurs, il ne serait peut-être pas complètement stupide de la tester un jour avec un thé rouge chinois tel qu'un Dian Hong par exemple : le résultat pourrait s'avérer surprenant à mon avis.

Quoiqu'il en soit, vive les Yixing brunes dont celles de qualité seraient, paraît-il, assez rares à dénicher. Ce n'est sûrement pas sans raison car elle est la compagne idéale de l'amateur de Pu Er cuit (que je suis !).

remarque : si une bonne âme pouvait me donner la traduction du sceau, je lui en serais reconnaissant ;-)

6 août 2008

L'étrange feuille de Mr Vrac



Quel étrange moment je viens de passer en compagnie de ce mystérieux vrac n°26 de 2007 !

Pour commencer, il ne s'agit pas d'un Pu Er en vrac comme les autres. Souvent proposé sous forme de petites feuilles d'une banalité à faire pleurer, le vrac présenté ici nous apparaît sous des traits absolument hallucinants. En effet, les feuilles sont à ce point gigantesques que les grandes boîtes vertes de la M3T ne peuvent accueillir que 50 g alors qu'en réalité elles sont prévues pour contenir environ 200 g d'un thé normal. Cela vous donne une vague idée de ce vrac hors-normes !

Les feuilles sont magnifiques, de toute beauté. Il s'agit d'une récolte issue de théiers sauvages millénaires provenant de la fameuse région de Yi Wu... Respect ! Alors d'aucuns vont encore dire que ce thé n'est pas authentique, blah, blah, blah... Certes, aucune preuve tangible nous permet d'en être sûr à 100%. Mais a-t-on besoin à ce point d'être rassurés au moment d'ouvrir son porte-monnaie pour s'offrir cette merveille (c'est vrai, il n'est pas donné...) ? Pourquoi ne pas se laisser convaincre tout simplement par la seule beauté des feuilles. Pour moi, la structure parfaite de ces feuilles est une garantie de sa très haute qualité car un mauvais produit ne pourrait pas rivaliser visuellement.

Et qu'en est-il de la dégustation à proprement parler ? Etrange, très étrange. On a l'impression que ce thé s'est débarrassé de tout superflu. Je crois que certains d'entre-nous ont remarqué la même chose. Aucune trace d'une quelconque odeur de moisi ou de fermentation, rien, uniquement les parfums relâchés par ces énormes feuilles. La grande classe qui se fraye crânement un chemin parmi le petit peuple du thé !!


Les notes sont bien évidemment très subtiles : un rien fruitées mais également très végétales, en particulier selon mon modeste palais, une impression de jeune fougère encore verte (celle du printemps). Curieux, ces senteurs atypiques me font penser à certains parfums de la maison Guerlain.

Chose encore plus étonnante, c'est le seul thé qui permet à la fois d'apprécier les parfums authentiques du thé mais également l'odeur de l'eau car la meilleure eau du monde possède une "odeur" quoiqu'on en pense ou tout au-moins une impression d'odeur qui en général disparait forcément lors de l'infusion. Mais avec ce vrac n°26, de par son exceptionnelle transparence, notre palais arrive à capter deux parfums totalement différents que l'on arrive parfaitement à dissocier. Deux goûts parallèles en bouche : une approche révolutionnaire de la dégustation !!

Rendez-vous dans 10 ou 20 ans pour une rencontre probablement historique. Une bombe de potentialité !